Droits de douane : L’arbitraire est l’expression terminale de la puissance

06 08 2025
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Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
 
Donald a encore frappé
 
Cette fois, c’est la Suisse qui encaisse… Ou plutôt qui va décaisser : 39 % de droits de douane sur les importations.
 
Pourquoi 39 % ? Parce que la Suisse a eu un excédent commercial de 39 milliards en 2024 avec les États-Unis. Cela n’a aucun sens en plus d’être puéril… Mais ce n’est pas un caprice : L’arbitraire est une preuve de puissance, une injonction humiliante qui nous rappelle le pouvoir des États-Unis jusqu’à l’absurde.
 
Oh cela se paiera demain, mais aujourd’hui chacun, sinon la Chine, courbe l’échine.
 
L’arbitraire est une preuve de puissance : Rapport de domination 
Trump a même menacé 250 % pour les produits pharmaceutiques suisses et écrit directement aux PDG de Roche et Novartis pour leur expliquer qu’ils vendaient leurs médicaments trop chers… Alors même que les labos américains sont réputés pour surfacturer massivement leurs médicaments à leur propre population.
 
Eh oui, la Suisse n’exporte pas tant des montres à grande complication, du chocolat ou du gruyère mais des produits chimiques de spécialité et des médicaments…. Et de l’or. La Suisse a quasiment le monopole mondial du raffinage d’or.
 
Premier enseignement : On peut avoir un salaire médian 2 fois supérieur à celui de la France (6500 CHF contre 2200 € mais si on compare les super bruts de chaque pays on est plutôt sur un ratio de 2) et être une économie TRÈS compétitive et industrialisée.
 
Si en France notre industrie se meure, ce n’est pas parce que les salaires sont trop élevés.
 
Deuxième enseignement : La Suisse avait réduit à 0 les droits de douane avec les États-Unis début 2024, AVANT l’élection de Trump… Puis, Roche a investi 50 milliards de dollars aux États-Unis en début d’année pour produire ses thérapies géniques directement sur le sol américain… mais cela n’a visiblement pas suffi et Trump va pouvoir aller faire son marché en Suisse après Biden qui avait déjà forcé la main de la Confédération pour qu’elle achète ses F-35 alors que l’armée préférait le Rafale et surtout avec l’humiliante faillite de Crédit Suisse que les États-Unis ont laissé tomber pour rappeler qui tenait les cordon de la bourse mondiale.
 
Cela montre bien qu’il n’y a aucune recherche d’équilibre ou de « réciprocité », dans l’attitude de Trump, il vient simplement prélever sa taxe aujourd’hui quitte à détruire les fondements mêmes de l’empire américain à long terme.
 
Il y a d’autant moins de recherche d’équilibre et de réciprocité que la balance commerciale ne représente qu’une partie des échanges entre 2 pays.
 
 
Balance des paiements : Il n’y a pas que les biens, il a aussi les services et revenus !
 
C’est ce que l’on appelle la balance des paiements que l’on représente traditionnellement par une fusée à 3 étages.
 
Le premier étage est effectivement composé des échanges de biens : C’est la balance commerciale.
 
Le second étage est, lui, composé de la balance des services. Comme son nom l’indique, il s’agit-là des échanges de services, en particulier informatiques et là, ce sont les États-Unis qui ont l’avantage avec 27 milliards de solde positifs.
 
Si l’on prend le solde de ces 2 étages, l’avantage n’est plus que de 12 milliards pour la Suisse.
 
Mais il faut encore ajouter le 3 étage de la fusée : la balance des revenus.
 
En effet, les résidents de deux pays échangent également des revenus : investissements, participations, dividendes, salaires, ce sont les revenus primaires mais également transferts directs par les particuliers et entreprises, ce sont les revenus secondaires sans contrepartie.
 
Par exemple, les 50 milliards d’investissement de Roche aux États-Unis cette année rentrent dans cette catégorie.
 
Il est probable que cette balance soit relativement équilibrée entre les 2 pays qui ont des investissements croisés importants.
 
La balance des paiements est tout aussi importante aujourd’hui : Mais le prix est désormais caché
Il est généralement désuet de parler de balance commerciale et des paiements… C’est quelque chose qui date d’avant 1971… À l’époque, un déficit de la balance des paiement, c’était de l’or qui quittait le pays et cela avait des conséquences très concrètes : Rupture de confiance, crise voire panique bancaire, baisse des capacités d’investissement…
 
Mais dpeuis les changes flottant… Il n’y a plus d’or qui entre ou qui sort donc tout va bien madame la marquise ! Sauf que ces déficits produisent toujours les mêmes effets d’appauvrissement, simplement cela se traite en haut de la pyramide, cela se décide sans nous et ne nous est même plus donné à voir. 
 
Cela est vrai pour tout le monde… Sauf le Parrain, sauf celui qui contrôle l’étalon-or
 
DOLLAR : Du privilège exorbitant au paradoxe exorbitant
Mais revenons à la Suisse un instant : Son cas n’est pas un cas exceptionnel. La balance des paiements des États-Unis en 2024 est en déficit de 1 133 milliards de dollars !
 
Le second pays avec le plus gros déficit, le Royaume-Uni, n’atteint pas 100 milliards de déficit.
 
Et il y a une très bonne raison à ce déficit : le DOLLAR !
 
Aujourd’hui encore, près de la moitié du commerce international est libellé en dollars et 88% des changes impliquent le dollar qui est toujours ultra-dominant en 2025. Et si tout le monde doit travailler dur pour obtenir des dollars grâce… à un excédent vis-à-vis des États-Unis, l’Oncle Sam, lui, n’a qu’à imprimer des billets pour régler ses déficits.
 
C’est même pire que cela, les États-Unis sont obligés d’imprimer des quantités astronomiques de dollars pour le reste du monde qui l’utilise comme monnaie mondiale.
 
En effet, l’économie mondiale fonctionne avec ces dollars. Si les États-Unis n’en fournissent pas suffisamment, c’est le krach et la contagion aux États-Unis.
 
C’est d’ailleurs par-là que les États-Unis tiennent la Suisse : son système bancaire bien plus que des taxes douanières.
 
C’est exactement ce qui s’est passé en 2007 et en 2008 quand Bernanke a lancé des lignes de crédit illimitées aux banques centrales européennes pour sauver le secteur bancaire en faillite potentielle faute de pouvoir couvrir leur bilan en dollars.
 
Et évidemment, cela n’est pas gratuit. Cette ligne de crédit illimitée est plutôt une laisse et Ursula von der Leyen est arrivée à la table des négociations pieds et poings liées tant les États-Unis nous tiennent par les banques et les GAFAM.
 
Il n’y a pas un mais 2 Dollar, celui des États-Unis et celui du reste du monde. Ce ne sont évidemment pas deux vases clos mais les règles sont très différentes entre le Dollar à l’intérieur des frontières, régulé par le Fed et le Trésor et le « Dollar » extraterritorial qui évolue dans une sortie de giga Far-West monétaires où les flingues sont remplacées par les lignes de dérivés et les chapeaux de cowboys par les melons de Wall Street et de la City.
 
Mais ce qui était le privilège exorbitant du dollar est en train de devenir le paradoxe exorbitant.
 
La confiance dans la monnaie mondiale est devenue une dépendance pour les uns et les autres et sans doute le gagnant sera celui qui se sèvrera le premier… Ce qui est bien plus dur pour les États-Unis.
 
C’est comme si vous aviez dans votre poche une carte de crédit illimitée : vous allez vivre très très luxueusement, vous allez arrêter de travailler mais si un jour la carte arrête de fonctionner… Alors c’est la catastrophe.
 
C’est la situation actuelle des États-Unis qui ont 3 solutions devant eux :
 
  • Laisser le Dollar s’éroder et préparer une transition pour laisser la place de première puissance à la Chine ou passer à un monde multipolaire sans puissance dominante d’ici une génération… Ce n’est certainement pas la voie actuelle et sans doute est-elle impossible dans la psychologie américaine super-héroïque cartoonesque ;

 

  • Organiser la transition vers une véritable monnaie mondiale, que ce soit un étalon-or ou un panier de monnaie type DTS du FMI. Les DTS ont déjà échoué lamentablement, peut-être une telle solution pourrait-elle venir des BRICS mais les États-Unis lui ont déjà fermé la porte. Quand à l’étalon-or, j’ai déjà écrit que ce serait sans doute une porte de sortie audacieuse mais il est désormais évident que Trump n’a pas les équipes ni la vision pour mener une transformation aussi radicale et dangereuse, d’ailleurs, il ne semble pas s’émouvoir de mettre 39% de droits de douanes à l’importation d’or suisse, ce qui est une faute ;

 

  • Reste alors la 3e solution : celle du mafieux qui collecte le prix de sa protection régulièrement afin de rappeler sa puissance et son emprise et s’assurer la soumission de ceux qu’il ne peut plus fédérer autrement. C’est le moment dans lequel nous sommes et qui mène à la confrontation, à la guerre.
 
L’intenable America First
Sans doute la plus grosse faute de Trump est-elle de croire qu’il peut jouer « America First », c’est d’ailleurs la ligne habituelle de ses défenseurs : Trump sert les intérêts de ses concitoyens, nous devrions faire de même. Mais Trump est pris dans ce grand paradoxe impérial : il ne peut plus soutenir les États-Unis ET le Reste du Monde… Mais s’il ne soutient qu’un des deux, l’autre emporte le premier dans sa chute : Trump ne peut simplement pas se permettre de jouer America First.
 
 
Sommes-nous prêts à relever la tête ? 
Il est évidemment enrageant de n’avoir en France ni ailleurs en Europe de politique avec le charisme, l’audace et l’intelligence de naviguer ce moment plus que périlleux mais avant cela nous devrions nous demander chacun en nous-mêmes, sommes-nous prêts à abandonner notre confort pour notre liberté et notre souveraineté ?
 
Sommes-nous prêts à sacrifier 10 à 25 ans pour reconstruire ce que nous avons abandonné depuis plus d’un demi-siècle ? Sommes-nous prêts à encaisser les coups d’une guerre commerciale ? D’une guerre d’influence ? D’une guerre culturelle et civilisationnelle ? D’une guerre tout court ?
 
Alors seulement, peut-être, le fameux homme providentiel pourra-t-il émerger.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
 
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ». 
 
J’ai écrit un article complet sur Droits de douane : L’arbitraire est l’expression terminale de la puissance
 
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À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle


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