Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
Connaissez-vous le comble pour un avion ?
D’avoir un antivol bien sûr.
D’avoir un antivol bien sûr.
Pourquoi l’on ne dit pas « la maîtresse d’école » ?
Parce qu’il vaut mieux dire l’institutrice prend l’avion.
Parce qu’il vaut mieux dire l’institutrice prend l’avion.
Et le point commun entre un homme et un avion ?
Ils sont gouvernés essentiellement par leur qu…
Ils sont gouvernés essentiellement par leur qu…
Excusez cette grivoiserie… J’ai décidé de reprendre une vieille tradition de ces pages : commencer par une blague, généralement très mauvaise… Malgré tout, bien meilleure que ce qui suit généralement.
Et là, je vous en sers non pas une mais trois et particulièrement mauvaises… C’est vous dire s’il vaut mieux rire de ce qui va suivre.
Tout a pourtant commencé d’une bonne nouvelle.
Comme tout bon cadre qui se respecte, j’ai débuté ma journée en ouvrant doctement Les Échos : quoi de mieux pour commencer que les bons tuyaux de Bernard ?
Quelle ne fut pas ma joie que d’apprendre alors « l’étonnant rebond de la production industrielle française »… Vous savez sans doute que je regrette régulièrement le sacrifice de l’industrie française qui ne s’est jamais plus enfoncée que depuis sa reprise en main volontariste par la Macron et sa Macronie.
Une vessie pour une lanterne…
Depuis le temps, j’aurais dû me douter que chaque bonne nouvelle industrielle en France était systématiquement accompagnée d’un déluge de désastres… Que ce soit EDF et notre énergie, l’automobile, nos supers usines de batteries, l’agroalimentaire, le tourisme fiscal des investissements étrangers… À chaque fois c’est pareil : Ils veulent vous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Et aujourd’hui aussi, cela n’a pas manqué.
Les Échos s’appuient sur la publication par l’INSEE de l’indice de production industrielle du mois de juin et c’est ce que nous allons décortiquer aujourd’hui.
L’INSEE est évidemment plus précis que le journaliste en manque d’inspiration des Échos et nous dit dès le titre que ce rebond de l’industrie manufacturière est de 3,5% au mois de juin, ce qui est effectivement très fort.
Première nouvelle, la quasi-totalité de ce rebond est à porter sur un seul secteur : l’aéronautique et il n’est pas du tout étonnant malgré le mauvais titre des Échos : Il s’agit-là d’un rattrapage attendu suite à des retards accumulés…
Il n’est jamais très bon quand une hausse est portée par un seul secteur mais ne voyons pas déjà tout en noir et regardons de plus près cette hausse.
L’avion s’envole
Effectivement le secteur aéronautique explose de 26,7% en juin (le ferroviaire et la construction navale sont aussi inclus dans la ligne mais nous les ignorerons, cela ne change pas grand-chose).
Quand on parle d’aéronautique on parle essentiellement de 2 groupes et leurs fournisseurs : Airbus et Ariane.
Commençons par le plus simple : Ariane compte pour une quote-part négligeable même si Ariane 6 est ENFIN arrivé en exploitation commerciale avec un vol en mars… Et l’autre en août prévu dans une semaine. Comment vous dire… En 2024, SpaceX a procédé à 134 lancements.
Le cas Airbus est plus intéressant : Airbus est porté par 2 phénomènes qui se conjuguent.
Il y a tout d’abord la crise monumentale que traverse Boeing. Alors qu’en 2017, Boeing tenait la dragée haute à Airbus (763 avions livrés contre 718)… Depuis 2019, le groupe de Toulouse a livré près de 3 fois plus d’avions que son concurrent américain.
Et par-dessus cette crise, Airbus bénéficie d’un marché en très forte croissance… Il n’y a bien qu’en Europe que l’on trouve que l’avion, c’est mal… Et encore, cela ne nous empêche pas de prendre l’avion.
Airbus voit d’ailleurs son carnet de commandes exploser.
Oui mais voilà… Nous n’arrivons pas à passer à l’échelle, l’avionneur prend du retard et le chiffre d’affaires n’augmente pas du tout à la mesure des commandes.
Cela est d’abord rassurant car il vaut mieux qu’Airbus prenne du retard plutôt que de s’enfoncer dans une crise à la Boeing.
Mais c’est malheureusement insuffisant car Boeing semble enfin en bonne voie pour sortir de la pire crise de son existence et… la concurrence chinoise arrive.
Vous n’avez sans doute pas entendu parler de COMAC et son C919. L’avionneur chinois, créé en 2008, a livré ses premiers avions en 2022 et devrait en sortir une trentaine cette année.
Son C919 est une réplique de l’A320. Les Chinois ont effectivement fait disparaître un Airbus A320 dans les années 2000 : un avion qui n’a réalisé de vol commercial, aucune maintenance et dont tout le monde imagine qu’il a été démonté pièce par pièce pour créer le C919 qui lui ressemble étrangement.
Cela signifie qu’Airbus a encore une petite décennie avant de se faire tailler des croupières par COMAC et malheureusement, la première réponse d’Airbus pour répondre à cette concurrence en devenir est… d’ouvrir des lignes de production en Chine.
Voilà qui en dit long sur notre industrie et son avenir en Europe.
Après l’aéronautique, tournons-nous un instant vers l’automobile.
L’auto au point mort
Notre industrie auto gagne 2% par rapport au 2e trimestre de l’année dernière… Pas si mal ?
Sauf que c’est en valeur…
En nombre d’immatriculations la baisse est de 8% sur le premier semestre 2025 et l’on atteint les -28% de nouvelles immatriculations par rapport à 2019, c’est tout simplement l’effondrement attendu de cette industrie avec les normes européennes, les prix de l’énergie et le sabotage allemand.
Dans ce cadre, cette légère reprise signale donc simplement que l’on vend des voitures de plus en plus chères, reflet de notre société qui voit sa classe moyenne disparaître petit à petit.
J’apprenais il y a 20 ans que la toute puissante bagnole, avec ses industries, ses services, ses garages et ses stations-service, faisait travailler un salarié sur 10 en France.
Mais tout ceci se passait en des temps très anciens…
Un arbre pousse, la forêt se meure
Dans l’ensemble, l’industrie manufacturière est stable sur un an…
C’est-à-dire qu’elle continue son déclin inexorable si l’on sort Airbus et sa position particulière entre crise américaine et concurrence chinoise encore inexistante.
Même le gaz liquéfié… se liquéfie
Mais puisque nous parlons voiture et avion, parlons un peu d’énergie maintenant et en particulier de la ligne « électricité, gaz, vapeur… ».
C’est l’autre secteur en hausse dans notre industrie au moins depuis juin avec une hausse de 5,3% par rapport au mois de mai glorieusement notée par l’INSEE et les Échos.
Sauf que ce chiffre-là ne veut rien dire. La hausse du secteur est lié à un phénomène ultra-dominant : la regazéification du GNL qui arrive par méthaniers dans nos ports et terminaux. La France en est le champion européen avec 20% du marché européen en 2024.
Il se trouve que c’est une activité très saisonnière : on remplit les stocks en été pour l’hiver suivant. Il ne faut donc pas regarder par rapport au mois d’avant mais à l’année précédente et l’on se rend compte alors que les 5,3% de hausse deviennent -3,4% de baisse.
Cette baisse s’explique par deux facteurs qui ne vont pas aller en s’arrangeant : la montée en puissance des terminaux néerlandais et allemands et le boycott du GNL russe qui commence à entrer en vigueur et dont nous sommes les champions incontestés en France. Plus du tiers de notre GNL provient de Russie.
Donc non seulement, cette activité d’importation de GNL n’est même pas une consolation par rapport au renchérissement des prix de l’énergie lié à la fermeture des gazoducs avec la Russie, mais même ce pis-aller est désormais orienté à la baisse.
Copains comme cochons… de Véolia
En dessous de cette énergie, nous avons l’industrie de l’eau.
Ah, l’eau : +5,2% par rapport à l’année dernière !
Là encore, c’est en valeur, pas en quantité qui, elle, est stable.
La seule chose que nous dit ce chiffre, c’est que l’eau et ses traitements coûtent 5% plus cher en France en 2025. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne nouvelle.
Il nous faudra creuser davantage mais je suis à peu près sûr que l’essentiel de cette hausse ne va pas dans des investissements ou des coûts de traitement en hausse mais en bénéfices pour les grands groupes et recettes pour les collectivités.
Nos géants de l’assainissement ont réussi à faire passer des hausses importantes aux collectivités. Véolia en particulier, qui fournit un ménage sur 3 en eau en France, voit ses bénéfices augmenter de 5% au premier trimestre 2025… Et leur activité eau se porte particulièrement bien.
Je pense que ces grands groupes sont en train de passer une sorte de pacte avec les collectivités, ils font passer des hausses de prix très importantes qu’ils se partagent auprès de mairies et communautés de communes qui doivent compenser tant bien que mal la disparition de la taxe d’habitation que l’État n’a absolument pas compensée tout seul. Cela fera sûrement l’objet d’une lettre à part tant le sujet est important et maltraité à mon avis.
La seule industrie qui se porte bien en France… Celle des monopoles et copinages.
Bravo. En plus de l’eau on pourrait y ajouter les déchets et l’industrie pharmaceutique.
La Sécu est un gouffre béant mais l’industrie pharma s’en fout et les ventes augmentent de 5% sur un an. Copinages encore.
Voilà ce qui se passe quand l’État s’en mêle… au temps pour l’intérêt général.
L’industrie de base continue sa descente aux enfers
Mais si l’on regarde la base fondamentale de l’industrie chimie, matériaux et énergie… Le constat reste le même, la dégringolade ne faiblit même pas fondamentalement :
- – 4,8% de baisse pour la chimie,
- – 6,2% de baisse pour le bois,
- – 3,3% de baisse pour l’énergie dans son ensemble,
- – 7,2% de baisse pour l’industrie extractive
- – 4,4% de baisse sur les caoutchouc et plastiques,
- – 1% de baisse sur l’agroalimentaire…
Et tout cela intervient avant même les tarifs de Trump.
Brefs, les avions volent, l’industrie coule et plus l’État s’en occupe, plus l’Europe nous protège, plus la cadence s’accélère.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ».
J’ai écrit un article complet sur Les avions volent et l’industrie coule : bienvenue en France
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