Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
L’INSEE a annoncé la semaine dernière que la croissance française était à +0,5% au 3e trimestre.
Les derniers stipendiés du pouvoir se sont immédiatement ébaudis d’un tel « bond », du coup dur pour les méchants « déclinistes en éruption »… Ou même que « l’économie européenne tient le coup… grâce à la France », « la locomotive de l’Europe ».
Il n’est pourtant pas besoin de gratter beaucoup pour nous rendre compte que derrière ces chiffres de « croissance », le pays est en fait en grave crise.
La France s’appauvrit rapidement… L’inflation toujours truquée
Tout d’abord, ces 0,5% du 3e trimestre ne nous amènent jamais qu’à 0,8% de croissance pour l’année selon les dernières estimations de l’INSEE. Nous sommes bien loin d’une locomotive pour les 1,4% prévus pour l’ensemble de la zone. C’est famélique. Nous restons sur une pente descendante, nous ne nous sommes jamais remis du « quoi qu’il en coûte » et des confinements COVID.
La croissance française en 2025 s’annonce bien en dessous de l’inflation officielle attendue à 1,2%. Et encore, ce n’est que l’inflation officielle.
L’inflation est tirée par les secteurs de la santé et des transports, 2 secteurs traditionnellement sous-représentés dans les calculs d’inflation car ils sont essentiellement financés sur fonds publics et l’on ne compte pas en France les hausses d’impôt dans l’inflation. Or ces prélèvements obligatoires augmentent de 0,8% (EN PLUS des hausses liées à la croissance puisque l’on parle en % de PIB et non en valeur absolue). Ajoutons aussi que ce sont des dépenses le plus souvent contraintes et la France continue donc de s’appauvrir malgré cette « croissance inespérée » avec une production industrielle nette qui baisse tout comme la consommation des ménages à l’inverse des stocks, qui eux augmentent de 0,5% de 3e trimestre : Toute la croissance du trimestre serait annulée sans les stocks : Ce n’est pas bon signe pour la suite.
Aussi, si l’on calculait plus honnêtement les chiffres d’inflation, on se rendrait compte officiellement qu’en France on s’appauvrit et plus ça va, plus ça va vite.
Ils n’ont rien de mieux que l’économie de guerre pour sortir du marasme
Même sans l’inflation, Il y a quelque chose d’indigne à se réjouir de cette « croissance » qui est permise par :
- un coup de chaud sur le pétrole avec la guerre Israël-Iran,
- les exportations du secteur de la défense avec la guerre en Ukraine et
- Airbus qui profite de la débandade de Boeing.
10€ de dette pour 1€ de « croissance »… Et ils sont contents
Ce n’est pas bien de se réjouir du malheur des autres et surtout, il n’y a rien de structurel dans cette croissance sauf à passer en économie de guerre et préparer la 3e.
Cette « croissance » de 0,8% pour l’ensemble de 2025 doit également être mise en regard de 5,4% de déficit public… Cela signifie que l’État s’endette de 7€ pour un 1€ de croissance.
Les ménages, eux, se désendettent et avec les entreprises on doit arriver à 10€ de dette pour 1€ de croissance. C’est totalement destructeur mais ils sont contents.
La population occupée augmente… Mais pas au bon endroit.
Enfin Patrick Artus nous donne à voir un dernier aspect de cette croissance liée à la hausse du taux d’emploi dans sa dernière note intitulée « La croissance de la France, depuis 2019, ne vient que de la hausse du taux d’emploi, or, celle-ci est menacée ».
Cela serait une très bonne nouvelle pour le coup : Je répète depuis 10 ans qu’il faut plus de gens qui travaillent et non faire travailler davantage ceux qui travaillent déjà beaucoup.
Ce n’est pas pour rien que cette solution N’est JAMAIS évoquée dans les médias subventionnés :
Pour y parvenir, il faudrait transférer les boulots des pays à bas coût vers chez nous, augmenter les salaires nets et tronçonner les allocs pour inciter les inactifs à l’activité.
Et c’est évidemment impossible sans une reprise en main sérieuse de nos frontières et de notre champ de ruine politique… Or contrôler une frontière est l’un des pêchés les plus graves de la religion Bruxelloise. Passez votre chemin, il n’y a rien à voir.
Pourtant, le taux d’activité augmente et c’est une bonne chose… Sauf qu’il augmente uniquement chez les 15-24 ans et chez les plus de 55 ans.
Il y a 2 raisons à cela : Le recul de l’âge de la retraite d’un côté et les subventions massives et dispendieuses à l’apprentissage de l’autre.
Cela signifie que la hausse d’activité se paie au triple d’un côté pour les jeunes dont l’apprentissage est sur-subventionné tandis que de l’autre, elle met en colère une population qui en a marre d’être tondue de tous côtés et comme le dit Artus : Ce bien faible moteur est en train de se couper entre baisse des aides à l’apprentissage et grogne sociale.
Ils manquent 10% d’hommes au travail en France…
On n’a pas commencé en revanche à aller chercher les forces vives du pays. 10% d’hommes ont disparu de la population occupée depuis 1980.
Officiellement, la part de la population qui travaille est quasi stable depuis 1980 mais cette apparente stabilité cache une évolution majeure : La féminisation du travail. Il y a 10% de la population masculine française qui est sortie du travail et a été « compensée » par la hausse du travail féminin mais je ne crois pas qu’ils se soient mis à faire les tâches ménagères en échange. Il y a là un relais très important de croissance mais qui ne peut pas se faire dans le cadre de l’UE et de la désindustrialisation en cours.
Les robots ne sont pas encore la solution
Mais pourquoi chercher à faire travailler une population essentiellement ouvrière alors qu’elle est en cours de remplacement par les robots ?
Il existe de nombreuses raisons d’être prudent sur la prophétie auto-réalisatrice de la robotisation.
Premier constat : Les emplois détruits ne sont pas remplacés par des robots en France.
Si c’était le cas, la productivité monterait en flèche… Or elle progresse moins vite que l’inflation c’est-à-dire que la productivité réelle baisse en France. Ce qui n’est pas tout à fait illogique quand votre maigre croissance est tirée par une population soit jeune et subventionnée soit âgée et contrainte.
Il serait bon de ne pas confondre désirs et réalité. Je ne parle pas des nôtres mais de ceux de l’hyperclasse en sécession.
Second constat : Le miracle de la robotisation n’est pas si évident.
La robotisation est un des arguments massue de Larry Fink, le patron de BlackRock : Les pays qui vieillissent s’en sortent mieux avec la robotisation.
Amazon vient de licencier 14 000 employés et 16 000 autres le seront dans une seconde charrette. On imagine sans peine les entrepôts du géant américain se vider de ses manutentionnaires au profit de petits robots proprets, silencieux et dociles.
Ce ne sont pourtant pas eux qui sont touchés ! Le plan social d’Amazon est un bon vieux plan comme on les connaît si bien pour couper le management intermédiaire embauché à la va-vite au moment du COVID.
Ce n’est pas la première fois que l’on maquille un plan social traditionnel avec une bonne couche d’IA. Kantar avait fait de même en France l’année dernière.
Nos structures épuisées en sont pas en capacité de déployer l’IA
Plus largement il existe 3 raisons fondamentales de douter du remplacement de notre labeur par des robots à moyen terme :
- L’équilibre financier n’est pas là ; aujourd’hui ce qui se prépare, ce sont des destructions d’emplois pour dégager les marges afin de financer les infrastructures IA… Pas parce que les robots font déjà mieux le boulot ;
- L’équilibre énergétique l’est encore moins avec une consommation énergétique environ 25000 fois supérieure pour une IA par rapport au cerveau humain. Évidemment la comparaison semble inadéquate au premier abord mais c’est pourtant bien celle qu’il faut faire si l’on veut imaginer des millions de robots nous remplacer au travail et y prendre les mêmes décisions que nous.
Le PDG de Microsoft a d’ailleurs déclaré que le goulet d’étranglement de l’IA n’était pas au niveau des puces ou des capacités de calculs mais de l’énergie pour brancher ces puces !
- Il y a plus d’une chance sur 2 que les enfants qui naissent cette année subissent un événement de Carrington, une tempête solaire géante capable de mettre nos systèmes électriques au tapis pendant plusieurs semaines… Je n’ai pas trouvé de simulation sérieuse du nombre de morts que provoquerait un tel événement aujourd’hui… Imaginez simplement l’effet de l’arrêt des entrepôts, véhicules et pompes de relevage et donc de l’eau courante sur une ville comme Paris pendant une semaine.
Attention, je ne suis pas en train de dire que l’IA n’est pas une révolution technologique de grande ampleur mais que nos structures sont probablement épuisées et incapables aujourd’hui de la déployer.
Ce sera l’objet de ma prochaine lettre. Si vous n’êtes pas déjà inscrit à la lettre de l’investisseur sans costume cliquez ICI, c’est gratuit.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
