La faillite de SVB n’est pas le début de la fin mais la continuation du pire.

13 03 2023
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Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
 
Vendredi dernier, la Silicon Valley Bank a fait faillite de manière retentissante.
 
La banque au cœur de l’écosystème de la Silicon Valley, finançant directement ou indirectement la moitié des entreprises technologiques de la région N’est PLUS.
 
En quelques heures, une perte de moins de 2 milliards de dollars s’est transformée en une fuite de capitaux de 45 milliards qui ont engendré 600 milliards de pertes boursières pour le secteur bancaire.
 
À l’heure où j’écris ces lignes la Signature Bank de New-York, spécialisée dans le financement des crypto, vient elle aussi de passer sous contrôle du régulateur : Elle aussi est en faillite pour des raisons similaires.
 
Depuis vendredi, cet événement agite les réseaux et le spectre de 2008 et de Lehman Brothers ressurgit.
 
Ce spasme est largement incompris des commentateurs amateurs et ignorants du fonctionnement du système financier mondial.
 
Aussi, prenez le temps de lire attentivement cette lettre et celles qui vont suivre. Transmettez-là à votre carnet d’adresses, diffusez-là sur vos réseaux, discutez-là : elle est de toute première importance pour comprendre et prendre les bonnes décisions pour traverser la crise qui s’ouvre.
 
 
SVB n’est pas le nouveau Lehman mais sa caricature
Pourtant la faillite de la Silicon Valley Bank N’est PAS le nouveau Lehman.
C’est son PASTICHE, son reflet grotesque, déformé par un miroir concave.
 
Oh cela n’a rien d’étonnant dans le monde magique des marchés financiers où tout est beau et tout est faux. Comme dans les meilleurs tours de magie, l’attention est attirée à l’Ouest pour masquer les trucages à l’Est. Les cendres encore chaudes de SVB laissent déjà apparaître les traces des pompiers pyromanes.
 
Comment est-ce qu’une perte — somme toute modeste — de 2 milliards a-t-elle déclenché une panique bancaire ? Est-ce simplement la tension extrême de taux ingérables imposés par la Fed ? Ou bien la braise initiale aurait-elle été attisée ? L’investisseur star Peter Thiel, qui a retiré les fonds de son « Founders fund » la veille de la panique et incité ses partenaires à faire de même a-t-il eu le nez creux ou le couteau affûté pour mieux le planter dans le dos de SVB ? JP Morgan qui travaille jour et nuit pour ouvrir de nouveaux comptes aux clients floués de SVB ne fait-elle que ramasser les morceaux ou bien ont-ils poussé la banque au travers de la fenêtre ?
 
SVB est tombée à cause d’un trou de moins de deux milliards de dollars. C’est beaucoup 2 milliards, oui bien sûr… Lehman avait besoin de 70 milliards de liquidités immédiates quand ils se sont effondrés à l’automne 2008.
 
SVB a un bilan de 200 milliards, moins du tiers des 650 de Lehman au moment de sa chute, moitié moins que les 400 milliards de Bear Stearns, ce qui d’ailleurs n’en fait pas du tout la seconde pire faillite bancaire des États-Unis comme l’a titré fautivement le Washington Post.
 
Le WaPo se contredit d’ailleurs dans le corps même de l’article — rappel : ce ne sont pas les mêmes personnes qui écrivent les articles et les titres — il s’agit de la seconde plus grosse faillite d’une banque de dépôt, rien à voir avec les Lehman, Bear Stearns et autres mammouths de la banque d’affaires, de la magie du levier, des dérivés et de l’enfumage.
 
Et encore, on ne regarde là que le bilan de ces banques : Ce n’est pas l’essentiel. Ce n’est pas where the sausage is made. Lehman avait un portefeuille de dérivés gargantuesque de 35 000 milliards de dollars (l’équivalent du PIB mondial). SVB ? 1 000 fois moins ! C’est-à-dire rien d’autres que les couvertures nécessaires pour leur bilan.
 
Les comptes de Lehman étaient une gigantesque fraude utilisant des leviers astronomiques, des valorisations au mieux fantaisistes, des manipulations aussi grossières que scandaleuses (REPO 105…). SVB est une banque régionale pépère qui s’est trouvée au bon endroit au bon moment jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus et finissent par servir littéralement de bouc émissaire.
 
Il n’y a aucune commune mesure entre Lehman et SVB. L’argument du nouveau Lehman est d’une ignorance crasse, c’est l’idiotie utile du moment.
 
Or depuis la faillite de Lehman, nous avons appris à quel point il était dangereux de laisser tomber une banque. Depuis le sauvetage de Goldman Sachs par Warren Buffett, nous savons en revanche à quel point il est lucratif de remettre à flot une banque en mal de liquidités.
 
 
Ne laissez jamais perdre une grosse crise
Pourquoi la Morgan de Jamie Dimon a-t-elle donc préféré achever SVB plutôt que de leur jeter une pièce à des conditions très avantageuses pour eux ?
 

La réponse est évidente : Il y a des centaines de SVB aux États-Unis qui se sont retrouvées submergées de liquidités pendant le COVID, les ont placées à des taux déjà médiocres pour l’époque et désormais indigne avec la montée des taux. Les tombereaux d’obligations d’entreprises à 1 ou 2 % ne valent plus rien quand le Trésor vous en paie 5 pour un titre bien plus sûr. La seule faute de SVB est de s’être retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
 
Sauver SVB ne donnait que quelques heures de répit avant qu’une autre vienne toquer à la porte puis une autre, puis une autre…
 
Surtout, pourquoi sauver une Silicon Valley Bank quand vous êtes vous-mêmes incroyablement plus exposé aux hausses de taux au travers de vos centaines de milliers de milliards de produits dérivés toxiques ?
 
Il est tellement plus pratique de détourner l’attention vers une grosse banque de dépôts régionale au bilan morne comme un jour sans pain et à la gestion finalement bien pépère.
 
Donner l’illusion d’un moment Lehman mais sans prendre le risque d’un véritable effondrement : Voilà tout un programme.
 
Dans le monde magique des marchés financiers on exige désormais la récompense sans le risque, le soutien sans la difficulté, la résolution de la crise avant la crise… Enfin :
  • Sauf pour la petite concurrence ambitieuse et agile mais fragile que l’on liquide au passage,
  • Sauf pour le secteur de la Tech dont il faut punir les appétits déplacés pour les services financiers,
  • Sauf pour l’environnement des cryptomonnaies à qui l’on tord le cou de manière fort opportune.
« You never want a serious crisis to go to waste » répétait Rahm Emmanuel, l’âme damnée d’Obama : Vous ne voulez jamais laisser perdre une grosse crise, et de continuer, « c’est l’occasion de faire des choses que vous ne pouviez pas vous permettre auparavant».
 
Voilà pourquoi j’estime que SVB est un contrefeu pour détourner l’attention, obliger la Fed et le Trésor à agir avant que les vraies baleines ne s’échouent, avant que les risques véritablement morbides ne se matérialisent.
 
 
La continuation du pire
SVB ce n’est pas le début de la fin, c’est tout l’inverse, c’est la rupture d’une nouvelle digue pour aller encore plus loin dans la folie financière, c’est la continuation du quoi qu’il en coûte financier, la continuation de la dette par tous les moyens.
 
Bien sûr que le Trésor et la Fed vont réagir trop tard : Il faut laisser se faire le nettoyage des petits et des moyens, prendre sa revanche sur la tech et les cryptos. Bien sûr que le risque existe de rater le moment opportun : Ces gens n’ont pas la science infuse.
 
Mais c’est le grand retour des Too Big to Fail.
 
Peut-être que l’immobilier américain y passera à nouveau. Mais le centre de l’attention sera la Tech.
 
C’est le grand retour des QE, des baisses de taux jusqu’à une nouvelle expérience : Les taux profondément négatifs.
 
Cela fait longtemps que je tiens le carnet de route du chemin vers la spoliation ultime : Des comptes en banques biodégradables qui perdent entre 2 et 5 % par an.
 
Il faudra drastiquement limiter voire interdire simplement les espèces pour éviter que tout le monde se jette dessus plutôt que de se faire prélever une taxe sur son compte en banque : Mais nous sommes déjà si proches en France quoique je suspecte que les paiements en espèces reprennent de la vigueur.
 
L’économiste Kenneth Rogoff est le grand défenseur de la cause des taux profondément négatifs. C’est lui qui a estimé ces taux entre -2 et -5 % pour être efficaces.
 
 
Le pacte faustien
Face à l’inflation, se généralisera le régime de pénuries que nous effleurons du doigt. Grâce aux monnaies programmables de banques centrales et aux paillettes climatiques, le rationnement se généralisera : Vous aurez le droit à tant de grammes de viande par semaine, tant d’insectes, tant de kilomètres en voiture, tant de voyages en avion, tant de mètres carrés habitables, de chauffage, de vêtements…
 
Cela adviendra par nécessité, c’est le prix à payer pour sauver le système financier, c’est le pari satanique que décrit Bruno Bertez (je vous recommande vivement de lire son papier et de suivre ses analyses), le sacrifice inconditionnel de tout ce que la Nécessité exigera au profit de cette grande fiction qu’est notre système financier et de ses grands prêtres en costumes 3-pièces.
 
Je sais bien que cela paraîtra scandaleux à certains d’entre vous : Pour le dire autrement, nous nous retrouvons à un moment où nous nous rendons compte que nos comptes en banques ne sont que des promesses d’argent et que ces promesses dépassent largement les capacités à les honorer.
 
Nous pouvons à nouveau choisir de faire face à notre mal ou d’augmenter encore la drogue dure du crédit en espérant des lendemains meilleurs tout en en préparant de pires.
 
Car bien sûr, baisser les taux en territoire profondément négatifs ne réglera rien :
 
Cela ne nous mènera qu’à la crise suivante, plus forte et plus destructrice encore.
À tout moment, le système peut s’effondrer mais il peut aussi muter et de proche en proche finir en système soviétique communiste dans lequel l’argent n’existe même plus.
 
L’argent est le grand absent du 1984 d’Orwell. Il ne reste plus dans sa dystopie que des allocations de chocolat, lames de rasoir et autres produits de nécessité…
 
La guerre sans doute interrompra ce processus et nous fera revenir de force à un étalon de change or, qu’il soit de domination chinoise ou encore une fois — mais c’est très improbable — américaine.
 
Mais pour aujourd’hui il faut nous attendre, non pas à un effondrement, mais à une accélération plus forte encore des dérives actuelles.
 
Dans tous les cas, mon sempiternel conseil de débancarisation est plus que jamais de rigueur :
  • Or et argent physiques ;
  • Immobilier de petites agglomérations à forte qualité de vie ;
  • Investissement directs dans l’économie réelle sans intermédaire bancaire ;
  • Espèces et devises étrangères, en particulier Dollar, qui reste la monnaie ultime en période de crise avec l’or ;
  • Il va bientôt être temps d’investir à nouveau dans les cryptos, non pas comme alternative monétaire à l’Euro mais comme révolution technologique des échanges de valeur ;
  • À court et moyen terme, les obligations souveraines sont aussi un bon moyen de garder des liquidités disponibles même si je sais que cela va en faire hurler nombre d’entre vous : Encore une fois, l’hypothèse de l’effondrement n’est pas la plus probable, il faut composer avec le système actuel.
 
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle

 
Je m’appelle Guy de La Fortelle et je rédige le service d’information GRATUIT et INDÉPENDANT : L’Investisseur sans Costume.
 
À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous les secrets de l’économie et de la finance que les médias grands publics « oublient ».
 
J’ai écrit un article complet sur La faillite de SVB n’est pas le début de la fin mais la continuation du pire.
 
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À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle


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