Le système (im)monétaire s’emballe

03 02 2020
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ATTENTION, mon cher lecteur !
 
Il plane comme une atmosphère de fin du monde financier.
 
Les bourses mondiales plongent sont sous la pression du coronavirus.
 
Les Echos, La Tribune, BFM, Le Figaro, l’AFP, Le Revenu, l’Agefi… Ils s’étaient tous fendus de leur article angoissant.
 
Ils deviennent carrément catastrophistes avec la réouverture des bourses chinoise après 10 jours de Nouvel An et -9% à Shanghai.
 
Honte à eux qui propagent de telles imbécillités par leur ignorance crasse.
 
Le systère médiatique s’emballe et tant pis pour eux et tous ceux qui les croient encore.
 
Attention, vous dis-je mon cher lecteur, vous allez rater une opportunité en or.
 
Eh quoi ? Ils vous disent que depuis le 20 janvier, moment où la presse a commencé à se saisir du sujet, le S&P 500 baisse de 3% à New York malgré l’euphorie des résultats d’Apple, Amazon et Microsoft. Le CAC 40, lui, accuse le coup à -4,5%.
 
Concomitamment, le pétrole déjà convalescent après la crise iranienne perd encore 10% et le cuivre 11%.
 
Et alors ?
 
Le New England Journal of Medicine a évalué la léthalité du coronavirus de Wuhan à 4% (4 personnes sur 100 infectées décèdent).
 
Celle du SRAS en 2003 était de 9,5%. L’épidémie avait coûté la vie à environ 800 personnes dans le monde et l’on avait reproché à la Chine son manque de réaction.
 
Il semble qu’elle se souvienne encore de l’humiliation. Cette fois-ci, elle construit des hôpitaux en 10 jours.
 
L’épidémie de SRAS avait sévi de novembre 2002 à juillet 2003. L’OMC avait lancé une alerte mondiale au mois de mars. Les bourses mondiales avaient-elles alors attrapé le virus ? Pas le moins du monde, le CAC progressait de 3% et le S&P de 7%. Seul le pétrole avait perdu 7% (Brent). Les futures sur le Brent en revanche, un produit dérivé du pétrole spéculatif, s’étaient effondrés de 30% en mars 2003. La panique c’est pour les spéculateurs.
 
Pourquoi le SRAS n’a-t-il pas fait réagir les bourses alors qu’il était deux fois plus mortel que le coronavirus de Wuhan qui, lui, met les bourses sous pression ?
 
C’est la bourse qui fait l’actualité, pas l’inverse
Nous savons pourtant depuis 150 ans au moins que ce n’est pas l’actualité qui fait la bourse mais la bourse qui fait l’actualité.
 
Déjà en 1862, Clément Juglar écrivait :
 
« On veut toujours trouver une cause spéciale à chaque crise : pour la crise de 1825, de folles spéculations commerciales ; pour celle de 1847, une mauvaise récolte ; pour celle de 1864, de grandes importations de coton à payer en numéraire.

Mais ces formes, ces dénominations, que l’on peut varier à l’infini, ne rentrent pas dans le cadre des crises commerciales ; ce sont des accidents qui peuvent troubler un des mécanismes sociaux, sans arrêter les mouvements généraux du commerce et des affaires, comme on l’observe dans les crises commerciales.

D’ailleurs, une crise commerciale est toujours une crise monétaire, puisque c’est la réduction de la réserve métallique des Banques qui donne le signal de l’explosion. »

Une crise commerciale est toujours une crise monétaire.
 
Encadrez cette citation mon cher lecteur elle est fondamentale et nous vient de l’un des plus grands économistes français. Clément Juglar a observé le premier la périodicité des crises commerciales, trouvé leur raison profonde, découvert les cycles économiques et donné son nom au plus fondamental d’entre eux, le cycle de Juglar, ou cycle des affaires.
 
Ce n’est d’ailleurs pas si sorcier.
 
Imaginez une ferme dans laquelle sévit une épidémie de grippe.
 
Si elle bien entretenue, que les greniers sont pleins, si l’on peut payer le docteur et les médicaments, si les ouvriers en bonne santé peuvent compenser le travail des malades, la ferme continuera de fonctionner.
 
Si en revanche, il n’y a aucune réserve, qu’il faut déjà se tuer à la tâche pour une pitance de misère et que les murs sont croulants, alors une attaque de grippe peut bien faire basculer une ferme déjà fragilisée. Et si ce n’était la grippe, cela serait le mauvais temps, une baisse des prix ou un autre déclencheur.
 
Un événement comme le coronavirus n’est qu’un révélateur interchangeable d’une réalité bien plus profonde : la décrépitude de nos économies.
 
La réponse (im)monétaire s’emballe
Les banques centrales savent bien cela : elles vont imprimer encore plus, prêter encore plus, augmenter encore le stock de dettes et scier encore un peu la branche sur laquelle ils sont assis.
 
Comme un système immunitaire qui sur-réagit à une maladie auto-immune, le système monétaire s’emballe.
 
La Chine a déjà annoncé des mesures spéciales, Jay Powell s’inquiète officiellement de l’impact de l’épidémie sur l’économie mondiale (en pleine période électorale américaine).
 
Le virus sert de révélateur et les banques centrales paniquent à nouveau : nous entrons dans une nouvelle séquence monétaire, celle-ci devait arriver de toute manière, le virus ne fait que lancer le coup d’envoi : les taux négatifs vont revenir en force et plus vite que prévu.
 
Ces politiques vont doper les bourses, mais ce sont surtout l’or, le pétrole et les obligations de long et très long terme qui vont le plus profiter de ces réactions.
 
Les bourses sont le piège, le réel est la protection ultime : ne l’oubliez pas.
 
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 


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