Les banques euro sont le maillon faible

11 03 2020
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Mon cher lecteur,
 
Hier, Agnès Pannier-Runacher a déclaré que le système financier était « beaucoup plus solide que pendant la crise de 2008 ».
 
Il existe un principe intangible en communication : plus vous répétez ce qui est censé être évident, exigible même, plus vous perdez en crédibilité. Après 12 ans de réformes du système financier, d’accords internationaux et d’interventionnisme monétaire massif, comment celui-ci pourrait-il être plus fragile qu’à la veille de son effondrement ? Devoir le répéter, sans preuve qui plus est, est en soi suspect.
 
D’ailleurs, qu’en sait-elle madame Pannier-Runacher ? Elle est secrétaire d’État… chargée de l’industrie, elle et son cabinet sont incompétents sur le sujet financier (le sont-ils seulement sur le plan industriel…). Que vient-elle mettre son nez dans ce sujet dont elle ne maitrise visiblement rien ?
 
Mais ce n’est pas l’important, elle est politique avant-tout :  elle se fiche de n’y rien connaître autant qu’elle se fiche que vous la croyiez, elle se contente de vous fermer la porte au nez : circulez y a rien à voir.
 
La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
 
Si vous lui demandez pourquoi le système est « beaucoup plus solide qu’en 2008 », elle vous sortira quelques milliers de pages de réglementations absconses, des chiffres qui le sont encore plus. Elle vous noiera sous de dizaines d’acronymes.
 
Mais vous savez-bien cher lecteur, au fil des lettres, que ces réformes n’ont été que de la poudre aux yeux et que le système est devenu d’autant plus fragile que ses opérateurs se croient désormais tout puissant.
 
Je ne suis pas Agnès Pannier-Runacher et même si j’ai étudié une bonne partie des milliers de pages en question (elle en revanche…), je n’ai qu’une image à vous montrer aujourd’hui :
 
Les banques ne valent plus rien
 
Ce graphique représente la valorisation boursière des 600 premières banques européennes. Cette semaine, ellevient de casser son plus bas de 2009… Son plus bas de tous les temps en fait.
 
Cela signifie que malgré une décennie de réformes, d’accords internationaux, de réglementations, d’innovations… Les investisseurs estiment que les banques européennes valent encore moins qu’au pire de la tempête de 2008.
 
Faut-il seulement s’en étonner ? Après la crise des dettes souveraines, Bruxelles a décidé que ce n’était pas aux contribuables de sauver les banques en cas de défaut (bail out) mais aux actionnaires (bail in)… Alors les actionnaires ont fui.
 
Les actionnaires ont littéralement abandonné la partie. Imaginez que le secteur entier des banques européennes a perdu les 4/5e de sa valeur après 2008 et ne les a jamais retrouver : -80%.
 
Pourtant si vous achetez une action BNP aujourd’hui, celle-ci vous servira un dividende de 9%.
 
9% et personne n’en veut !? C’est vous dire la détresse des banques.
 
Alors si ni le contribuable, ni l’actionnaire ne paie, qui reste-t-il ? Le CLIENT. Vous et moi.
 
C’est en train de prendre plusieurs formes, certaines lentes et vicieuses, d’autres promettent d’être brutales :
 
  • Les banques européennes se sont mises à commercialiser depuis 2017 des obligations « NPS » pour « non-preferred senior » qui sont assimiliées à du capital (comme une action) mais sans le rendement… Elles ont massivement commercialisé ces produits à l’intérieur de leurs fonds, de leurs assurances vie et c’est passé comme une lettre à la poste.

 

  • Mais ce n’est que la première étape, ces dernières années, plusieurs autres scénarios ont été étudiés : appliquer un taux négatif sur vos dépôts qui grignoterait vos comptes avec le temps… C’est le plus probable.

 

  • Ou au contraire une saisie unique de 20 ou 25% de votre capital, mais cela est moins probable.

 

  • Vos avoirs pourraient aussi être gelés, les lois ont été passées pour permettre de geler vos assurances vie ou l’accès à votre compte courant. Cela n’a pas besoin d’être très long, simplement au pire moment pour vous.
 
Bien sûr, le pire n’est jamais sûr, ce n’est pas ue raison pour ne pas s’y préparer.
 
Imaginez que les banques déjà à genou ont encore une épée de Damoclès au-dessus de la tête : la BCE est sous la pression de la baisse des taux américaine.
 
Or chaque baísse de taux ou reprise de QE asphyxie un peu plus les banques pour qui cette crise est une double peine.
 
Aussi, plutôt que de vous demander si c’est le moment d’acheter ou de vendre, vous devriez prendre du recul et regarder votre dépendance aux banques européennes.
 
Ce n’est ni le moment d’acheter, ni le moment de vendre, c’est le moment de débancariser.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 
 
 
 
 
  

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