Du caniveau politique s’élèvent les effluves d’une cuisine nauséabonde

14 02 2020
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Mon cher lecteur,
 
Un homme politique envoie des vidéos de sa pompeuse intimité à une de ses maitresses.
 
C’était un piège. Mais de qui ?
 
Dommage pour Benjamin Griveaux.
 
Les vidéos sont mises sur un site par Piotr Pavlenski, une sorte de dissident russe fou affilié à la sphère gilets jaunes, adepte de l’automutilation et des dégradations publiques.
 
Elles se mettent à circuler dans le petit landerneau politico-médiatique parisien. Les rédactions préparent leurs articles. Douce hypocrisie de la presse devenue charognarde.
 
Elles sont finalement « fuitées » au grand public par Joachim Son-Forget, député dissident d’En Marche brillant et loufoque soit-disant pour protéger Griveaux… Le raisonnement est subtil et contestable.
 
Griveaux démissionne.
 
Tout le monde s’affole : la démocratie est en danger pour les uns, la macronie est pourrie pour les autres…
 
Nous allons faire un peu de caniveau aujourd’hui mon cher lecteur, comme un inspecteur fait les poubelles d’une maison dont il cherche les secrets.
 
D’autant que nous ne sommes qu’au début de l’histoire, Son-Forget a affirmé que Griveaux n’est pas seul à s’être fait piéger, ce que confirme Pavlenski. Griveaux ne serait que l’amuse-bouche… Nous verrons.
 
En faisant sauter la bombe plus vite que prévu, Son-Forget aura eu le mérite de retirer l’initiative aux commanditaires qu’il reste encore à identifier (le coup de l’ultra gauche semble facile, si ce n’est habituel). C’est d’ailleurs la défense de Son-Forget accusé d’avoir jeté la première pierre :
«  Il faut creuser l’abcès, il faut mettre le furoncle sur la place publique et mettre un coup d’antibiotiques là-dedans. »
Car s’il y a d’autres vidéos, quelle monnaie d’échange en attendent ceux qui les possèdent ? Quel est leur objectif, leurs motifs ?
 
Griveaux devait-il démissionner ?
  • Donald Trump a bien été élu, avec les voix de l’Amérique puritaine, malgré un scandale comparable (les images en moins).
  • Qui a jamais reproché ses frasques à Jacques Chirac et ses rendez-vous « 5 minutes douche comprise ».
  • Tout le monde a rigolé grassement à l’affaire du scooter de François Hollande.
Pourquoi cela n’est-il pas passé pour Griveaux ?
 
Ou donc est passée la proverbiale légèreté des Français ? Et celle des Parisiens ?
 
À vrai dire, on ne leur a pas laissé le temps de réagir… Mais sans doute, oui, Griveaux était-il mal en point.
 
Il y a une différence entre un homme à femmes et un obsédé egocentrique qui manifeste ses sentiments par l’image de l’édification de ses attributs.
 
Quel chemin nous avons parcouru de la correspondance de Mitterrand à Anne Pingeot à ces images obscènes !
 
Un homme politique est un produit, le produit d’une région, d’un terroir.
 
Nous acceptons les imperfections d’un produit de terroir, qui sont un peu les nôtres, qui ajoutent à sa saveur, qui participent à sa spécificité.
 
Nous n’acceptons pas les défauts d’un produit d’usine asceptisé dont la seule vertu est de respecter un cahier des charges scrupuleux.
 
Griveaux est un produit sans saveur. Il n’avait pas le droit à cette faute qui ne révèle pas une puissance de séduction mais une faiblesse de caractère.
 
Griveaux, comme Macron d’ailleurs, n’a aucun charisme, ne dispose d’aucune base populaire, aucune popularité locale ou patiemment construite au travers d’éléctions précédentes.
 
Il n’a pas l’assentiment du peuple. Il n’a pas la puissance des chefs.
 
Il tire son pouvoir d’un cahier des charges en lieu et place d’un lien profond, d’un attachement culturel et historique, d’une identification. Jacques Chirac fut un mauvais président mais il était Français dans ses trippes. C’est aujourd’hui une vertu que nous lui reconnaissons d’autant mieux qu’elle manque à ses successeurs.
 
Griveaux pourrait bien faire de la politique à New York, Londres ou Los Angeles. Il est un produit hors-sol issu d’une élite hors-sol qui se coupe de ses populations.
 
Pendant ce temps, c’est le branle-bas en Macronie pour trouver un successeur suffisamment fou pour prendre la barre de ce navire en perdition. Comme si l’on pouvait s’improviser candidat sur un claquement de doigt, ou en cochant les cases.
Griveaux et ses promoteurs sont la véritable atteinte à la démocratie.
Je crois Son-Forget honnête quand il affirme vouloir crever l’abcès. Mais je doute de l’efficacité de la manœuvre.
 
L’appareil législatif va se mettre en branle et accoucher d’une loi coercitive qui musèlera un peu plus les reseaux sociaux et la liberté d’expression. Griveaux est député, peut-être portera-t-il cette loi et lui donnera son nom. Ce serait cocasse.
Mais en traitant le symptome au lieu de la cause, vous laissez la maladie s’installer, couver, se manifester de manière vicieuse, je parle de la grande crise démocratique en cours.
 
Cette affaire dont nous ne sommes qu’au début va profondément ébranler En Marche tout en asphyxiant les chances d’émergence d’une alternative sérieuse.
 
Cette affaire détruit encore le peu de légitimité politique de ces gens et sans légitimité, pas de stabilité et sans stabilité pas de richesse.
 
Cela signifie quelque chose de très important pour votre patrimoine : vous ne pouvez pas prétendre construire une rente productive à long terme dans la situation actuelle, le salut est dans la préservation de votre patrimoine, la protection pour être prêt à réinvestir le jour où les conditions se présenterons à nouveau.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle


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