AVERTISSEMENT : Nous allons observer précisément dans cette lettre l’étendue du comportement mafieux des institutions européennes, Commisssion et Conseils en tête… Comment leurs abus de droit et détournement des traités forment un coup d’État pour défendre les vils intérêts financiers et économiques de la haute bourgeoisie européenne en panique face à sa propre décadence… Au prix de dizaines de milliards que vous et moi paieront jusqu’au sang de nos enfants. Lisez avec attention et discernement.
Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
Quelle est cette étrange folie ?
Cette semaine, l’Assemblée adoptait dans la plus grande douleur une baisse de 5 milliards du déficit de la Sécu (soit 0,7 % du budget total) après deux mois d’une guerre de tranchée législative…
Et pendant ce temps, Bruxelles nous en remettait plus de 17 milliards sur le dos pour l’Ukraine, en toute indifférence politico-journalistique… et encore un demi-milliard d’intérêt en plus chaque année. Et ce n’est encore que le début, il y en a 22 ou 23 milliards de plus pour nous dans les tuyaux.
Ces sommes représentent la part de la France dans le crédit de 90 milliards d’euros que le Conseil de l’UE vient d’accorder à l’Ukraine.
À mes lecteurs chagrins qui viennent de sursauter, séant à ces chiffres qui semblent gonflés à la pompe à vélo, ne me jetez pas la pierre trop vite… Il y a une clause spéciale dans ce crédit à l’Ukraine : la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie sont exemptés de ce prêt. Leur part est donc compensée par les autres membres de l’Union et c’est pour cela que les 18,5 % de contribution française au budget de l’UE se retrouvent augmentées d’autant.
Là vous pouvez sursauter bien légitimement : la différence n’est pas considérable mais cela en dit long sur le fonctionnement de la mafia chiffonnière de l’UE.
En effet, les décisions de politique étrangère se prennent à l’unanimité et le mécanisme de coopération renforcée invoqué dans les conclusions du Conseil européen [1] pour contourner cette unanimité exclut sans ambiguïté une décision aussi importante qu’un crédit de 90 milliards à l’UE.
L’opération est tellement frauduleuse que la Commission a d’abord tout fait pour adosser ledit crédit aux avoirs russes gelés en Europe. La solution n’était pas moins frauduleuse mais elle semblait, au moins en apparence, faire reposer le crédit sur les méchants Cosaques plutôt que sur des États membres déjà exsangues.
La Commission est arrivée à ses fins : Financer Kiev, renforcer son contrôle des avoirs russes
Mon avis est qu’au fond la solution finalement trouvée n’est en fait guère différente des objectifs initiaux et ces objectifs étaient de garder le contrôle sur les avoirs russes comme moyen de négociation et financer l’Ukraine coûte que coûte pour éviter une faillite de l’Ukraine et une reprise en main totale de Kiev par les États-Unis :
- Même si le prêt ne leur est plus adossé, la Commission a réussi à faire passer le gel renforcé des avoirs russes, j’y reviens ;
- Les intérêts des avoirs russes ayant déjà été appropriés par Bruxelles l’année dernière, c’étaient aux États membres de payer les intérêts dans tous les cas ;
- Antonio Costa, président du Conseil européen, a déclaré dans un discours que le Conseil se réservait le droit de saisir les avoirs russes pour rembourser ledit crédit — même si une telle folie n’apparaît dans aucun texte officiel jusqu’à présent :
« Nous accorderons de toute urgence un prêt garanti par le budget de l’UE. Cela permettra de répondre aux besoins financiers urgents de l’Ukraine. Et l’Ukraine ne remboursera ce prêt qu’une fois que la Russie aura payé des réparations. L’Union se réserve le droit de recourir aux avoirs immobilisés pour rembourser ce prêt. »
- Le remboursement du prêt est toujours soumis au paiement de réparations russes à l’Ukraine comme indiqué par M. Costa et effectivement inscrit dans les décisions du Conseil et les règlements de la Commission.
- Même si le prêt avait été adossé aux avoirs russes, une garantie de la garantie par les États membres était exigée par la Belgique qui détient la quasi-totalité de ces avoirs sur son sol via Euroclear.
- La seule différence est purement comptable — et au fond, tout le monde s’en moque — au lieu d’être inscrit hors-bilan, ce crédit gonfle la dette des États membres… Comme tout le monde sait que ce crédit ne sera jamais remboursé et que même les Allemands s’assoient copieusement désormais sur les fameux « critères de Maastricht », qu’est-ce que cela peut faire que l’on augmente encore notre dette d’un demi pourcentage ?
Au fond, ce que voulait Bruxelles, c’est verrouiller les avoirs russes et financer l’Ukraine : C’est chose faite de manière totalement mafieuse.
COVID-Ukraine, même mécanismes : La dérive autoritaire voire suicidaire de la Commission Européenne
Dans toute cette choucroute législative, la Commission, main dans la main avec le Conseil européen, a commis pas moins de deux abus de droit sur « l’état d’urgence » de l’article 122 du TFUE et la « coopération renforcée » de l’article 20 du TUE, et a enfreint le principe d’effectivité et de proportionnalité. C’est vous dire le caractère ouvertement mafieux des tractations européennes désormais.
Ce sont les mêmes mécanismes que ceux utilisés dans le Covid, les mêmes articles détournés… Le même coup d’État à bas bruit qui nous dépece de toute forme de souveraineté qu’il pouvait nous rester.
Vous connaissez l’adage : Il ne faut pas laisser perdre une bonne crise.
C’est par là que pourrait bien s’effondrer l’Union Européenne : À force d’instrumentaliser les crises à son profit, la Commission finit par les aimer davantage que la prospérité commune sur laquelle est censée reposer la construction européenne.
Nous en avons ici deux exemples déroutants tant la communication de Bruxelles est délirante au premier abord.
Nous avons vu que la Commission et le Conseil ont abusé du principe de coopération renforcée (article 20) pour passer ce crédit à l’Ukraine.
Elle a également abusé de l’article 122 pour renforcer le gel des avoirs russes, article bizarre qui a été détourné en une sorte d’état d’urgence.
Officiellement, la Commission Européenne a renforcé le gel des avoirs russes car il est « urgent d’empêcher le transfert des avoirs vers la Russie afin de limiter les dommages causés à l’économie de l’Union. »
Il y a de quoi se gratter l’occiput :
En quoi le dégel des avoirs russes dans le cadre du plan de paix américain serait-il dommageable à l’économie de l’Union ? Quel rapport ?
Il suffisait jusqu’alors qu’un seul État de l’Union change d’avis pour que les avoirs soient dégelés en six mois… Grâce au détournement de l’article 122 du TUE, il faut désormais une majorité, la fréquence de révision n’est plus que biennale et il est désormais spécifiquement inscrit que la Russie doit payer des réparations à l’Ukraine pour que les avoirs soient dégelés.
Dans les faits, c’est comme si l’on avait gelés ces avoirs à tout jamais : Pourquoi la Russie paierait-elle des réparations à l’Ukraine alors qu’il n’en est jamais fait mention dans le plan de paix américain et surtout pourquoi paieraient-ils 200 milliards de réparations pour en dégeler 200… avec le risque qu’ils ne le soient pas davantage vu la corruption de nos institutions.
Le Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne, le fameux TFUE, permet à la Commission de proposer une sorte d’État d’urgence grâce à l’article 122 qui dans son alinéa 1 stipule que « le Conseil, sur proposition de la Commission, peut décider, dans un esprit de solidarité entre les États membres, des mesures appropriées à la situation économique. »
Voilà pourquoi toute la justification du gel des avoirs russes repose sur des affabulations économiques. C’est le seul moyen pour la Commission de proposer ce simili « état d’urgence ». Et à la différence des décisions budgétaires ou de politiques étrangères, cet état d’urgence permet de contourner les veto car il ne nécessite qu’une majorité qualifiée.
C’est par exemple ce même article 122 qui a été invoqué pour passer en force sur les précommandes puis commandes du vaccin COVID par la Commission… Quoi qu’il en coûte. Quoi qu’il en coûte.
C’est encore ce même article 122 qui a déjà été utilisé pour nous approprier les intérêts produits par ces avoirs gelés. Ceux-là aussi pourraient bien nous être contestés par la Russie en cas de paix.
Nous comprenons aussi pourquoi il est essentiel de s’imaginer que le dégel des avoirs russes serait une immense menace à la prospérité économique de l’Union : Il faut absolument que la Commission ait les coudées franches pour bloquer le plus longtemps possible un tel dégel, même si au fond, je pense qu’Euroclear répond davantage aux injonctions américaines qu’européennes… Les États-Unis tiennent nos chambres de compensation par les produits dérivés et les fournitures de dollars.
La Commission a donc mis en œuvre des acrobaties insensées pour justifier piteusement un montage foireux, tout cela encouragé par le Conseil Européen — l’organe quasi mafieux qui réunit les chefs d’État sous la présidence du vil Antonio Costa — et suivi par le Conseil de l’UE des ministres.
Mais pourquoi tant d’acharnement ?
Sans doute le précédent qui finit d’acter le coup d’État de la Commission est-il suffisant : La vilénie pour elle-même suffit à la jouissance des petits tyrans.
Mais il y a tout de même le Conseil Européen qui pousse derrière la Commission, et ce Conseil Européen qui prend toutes ses décisions à huis-clos, c’est d’abord son président Antonio Costa, et ce sont les chefs d’État ou de gouvernement de tous les pays de l’Union, c’est-à-dire surtout Merz, avec Macron et Meloni, qui courent derrière.
Rappelons qu’Antonio Costa a démissionné de son poste de premier ministre du Portugal en novembre 2023, sept mois avant sa nomination à la présidence du Conseil Européen, car il était pris dans un scandale de corruption lié au déblocage et à l’attribution de mines de lithium et d’un projet de data center à 3,5 milliards d’euros porté par deux fonds d’investissement américains… Déjà en 2021.
La primauté des enjeux financiers et économiques : s’approprier les richesses avant tout
Si l’Europe voulait vraiment la paix en Ukraine, elle coopérerait avec le plan américain qui est la meilleure chance d’arriver à la paix aujourd’hui.
Le plan de Trump prévoit d’utiliser 100 milliards de ces fameux avoirs pour la reconstruction et d’en rétrocéder 100 à la Russie, c’est autrement plus réaliste que d’attendre des réparations de la Russie comme l’arlésienne.
Ce qui ne va pas à Bruxelles, ce ne sont pas tant les fonds pour la reconstruction que leur contrôle : Qui attribuera les appels d’offres ? Quels grands groupes pourront se gaver sur ces centaines de milliards en numéraires et ces milliers de milliards en ressources naturelles ?
Trump s’arroge évidemment cette prééminence… Et nous ferions de même à sa place.
Rappelons-nous bien que l’ex-URSS était notre terrain de jeu historiquement : Ce sont les groupes européens qui ont pris la part du Lyon de la chute de l’URSS. Ce sont les Français qui avaient commencé à valoriser les fameuses terres noires ukrainiennes et les formidables ressources agricoles, c’est l’UE qui devait bénéficier des terres rares ukrainiennes avant la guerre…
Toute cette influence est passé à la poubelle depuis la guerre et ce sont les États-Unis qui ont repris le contrôle. C’est cela qui est insupportable à la grand bourgeoisie d’affaires européenne.
Désormais, Trump veut les terres rares pour l’Amérique. Cargill a mis la main sur les autres terres stratégiques, les terres noires, BlackRock sur la reconstruction. La Silicon Valley veut désormais installer ses data centers en Ukraine pour contourner les goulets sur son territoire… Et ils n’attendent que la paix pour foncer.
Tant qu’il y a la guerre, nous pouvons garder l’illusion d’un rétablissement. Tant que nous avons les avoirs russes, nous avons encore quelques arguments pour négocier…
Mais je ne suis pas sûr que les grandes familles européennes aient encore cette autonomie stratégique. Je crains que la guerre intestine actuelle ne soit pas tant transatlantique que transpartisane entre Démocrates et Républicains américains. L’Europe n’est plus que le terrain d’une guerre de proxy.
Je crains également qu’en plus de solder l’avantage européen obtenu à la chute de l’URSS, il y ait de velléités de nous décrocher du blanchiment des milliards russes déversés après 2008 pour contribuer à sauver notre système financier de la banqueroute (en particulier avec le scandale Danske Bank).
Mais cette lettre est déjà beaucoup trop longue et nous la continuerons… Car nous n’avons pas vu la fin de cette histoire. Retenons pour ce soir que la dérive autoritaire de Bruxelles pourrait bien nous emmener dans un siècle de dictature, l’avènement de « l’UERSS »… Ou alors son effondrement.
Dans tous les cas, il s’agit de prévoir un peu l’avenir et de nous préparer.
Je vous rappelle que j’organise une seconde session de notre rendez-vous 3e CHOC PÉTROLIER, nous y aborderons, en particulier, les différentes stratégies d’investissement face à l’effondrement et à la guerre, c’est une question qui a été posée jeudi soir et que nous avons abordé longuement. L’histoire est riche d’enseignement que nous pouvons mettre à profit pour construire un patrimoine antifragile. C’est lundi soir à 20H et sur inscription ICI.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Sources :
[1] Décision du Conseil européen du 18-19 décembre : https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-24-2025-INIT/fr/pdf
[2] Proposition de règlement européen sur les mesures d’urgence pour faire face aux graves difficultés économiques causées par la Russie… : https://commission.europa.eu/document/download/65ec50b2-81dc-4e00-9e6f-a5ba75123c00_en
[3] Discours d’Antonio Costa :https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2025/12/19/remarks-by-president-antonio-costa-at-the-press-conference-following-the-european-council-meeting-of-18-19-december-2025/
