Le Produit Imaginaire de Bruno (PIB) : Pire, c’est mieux

23 12 2021
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Ma chère lectrice, mon cher lecteur,
 
C’est l’histoire de Bruno le pompier qui est envoyé éteindre un incendie…
 
Le lendemain, son chef le retrouve ivre mort devant la maison en cendre.
 
Énervé, il le réveille à grande eau et l’interroge.
 
Bruno répond très fier de lui : « Eh bien j’ai fait tout ce que l’on m’a dit. D’abord je n’y ai vu que du feu alors j’ai demandé ce que je devais faire et on m’a dit d’arroser ça… Ce matin le feu est éteint. »
 
Depuis 2 ans, Bruno Le Maire joue au pompier de l’économie française façon Benny Hill chez les sapeurs avec la même efficacité et la même satisfaction d’ivrogne.
 
Faites suivre cette lettre à votre carnet d’adresses, partagez-là sur vos réseaux : Vous allez comprendre comment un PIB se cuisine pour lui faire avouer tout ce que vous voulez.
 
Eh, saison oblige, nous aller passer en cuisine pour cette lettre mon cher lecteur. Oh, nous n’allons pas faire de faux-gras, ni de la fausse dinde suivie d’une fausse bûche, mais tout comme… Nous allons cuisiner des chiffres à la Bruno pour faire de fausses statistiques.
 
Cette époque a un goût relevé pour le faux qui laisse un goût amer en bouche.
 
Ainsi, Bozo le clown Bruno le ministre passe-t-il ces jours-ci sur les plateaux afin de distraire notre réveillon et nous expliquer à quel point la France est forte [1].
 
tweet Le Maire
Alors mon cher lecteur, qui a retrouvé son niveau d’avant-crise avant tout le monde ?
 
Ce N’est PAS le Royaume-Uni !
 
Ce N’est PAS l’Italie !
 
Ce N’est PAS l’Espagne !
 
Ce N’est MÊME PAS l’Allemagne (Et paf dans les dents les Teutons) !
 
Ouais, ben c’est ENCORE MOINS la France.
 
C’est un bon gros mensonge de Bruno Le Maire qui n’aime rien d’autre que se faire des bisous sur ses petits biceps de techno-binoclard.
 
Bien sûr pour arriver à cette fantaisie, il a pu compter sur l’aide de ses fidèles amis de l’INSEE qui nous ont sorti un monument de traficotage maison [2]:
 
Titre Insee
Effectivement, la publication est accompagnée d’un joli graphique qui montre bien que la courbe… Elle est bien revenue comme avant, alors Bruno… C’est qu’il doit avoir raison.
 
PIB trimestriel chaine
 
L’INSEE est un peu comme les opérateurs téléphoniques en l’an 2000 : Ça a l’air du tonnerre jusqu’au moment où on lit les petits caractères. Mais comme personne ne lit les petits caractères…
 
Ici, c’est la parenthèse qui nous révèle l’arnaque : (-0,1 % par rapport au quatrième trimestre 2019).
 
Déjà, le doute m’habite, immédiatement confirmé par le beau graphique qui N’est PAS en glissement annuel.
 
Voyez-vous mon cher lecteur, si l’on suit les standards des statistiques économiques, le PIB s’observe en glissement annuel.
 
Regarder un seul trimestre pour des statistiques générales est incongru, il y a bien trop de variations et de saisonnalité pour pouvoir retirer des informations justes.
 
On compare éventuellement un trimestre avec le même d’une année précédente… Mais comparer comme le font Le Maire et l’INSEE le T3 2021 avec le T4 2019, ça, c’est interdit (foutu saisonnalité).
 
D’ailleurs, si l’on compare notre 3e trimestre 2021 avec le 3e trimestre 2019, ce qui est un tout petit peu mieux que ce que font nos propagandistes en chef… Eh bien cela change tout et nous obtenons une baisse de -0,4 % et non -0,1.
 
C’est beaucoup pour un seul trimestre, rapporté à l’année cela correspond à -1,6 % de baisse, c’es-à-dire une montagne après une décennie 2010 à moins de 1 % de croissance annuelle en moyenne.
 
Et de deux pour le prix d’un : Nous venons de voir pourquoi il est spéculatif de comparer des trimestres de PIB directement plutôt qu’en glissement annuel, la moindre variation rend des résultats opposés et Bruno le clown devient Léon le fossoyeur.
 
Mais si l’INSEE et Le Maire ont fait des choses qui ne se font pas, ce n’est pas par incompétence.
 
Ils ne pouvaient tout de même pas vous dire la vérité : Non seulement, nous avons dépensé plus que les autres, nous n’avons pas moins de morts que les autres, mais en plus, nous avons saccagé notre économie avec cette imbécillité du quoi qu’il en coûte :
 
PIB en glissement annuel
 
Non seulement la courbe est beaucoup moins sympathique une fois reconstruite en glissement annuel [3] mais elle permet également de nous rendre compte que nous sommes totalement à la ramasse des Britanniques et des Allemands.
 
Je vous disais à l’instant que les arnaques de l’INSEE se lisaient dans les petits caractères. Jusqu’ici nous n’en étions qu’au titre.
 
Non seulement, notre PIB est tout pourri, mais ses ingrédients sont encore pires.
 
Nous devrions finir l’année 2 % en dessous du niveau de 2019 (-8 % en 2020 et +6,5 % prévus en 2021 par la Banque de France).
 
Les Allemands vont faire 2 fois mieux que nous en finissant l’année à 1 % du niveau de 2019 poussés par la consommation [4] :
 
PIB allemand
 
Quant aux Britanniques, eux sont vraiment revenus à leur niveau d’avant crise grâce aux services [5] :
 
PIB britannique
 
Et en France ?
 
En France, mais bien sûr, ce sont les dépenses publiques et la hausse de l’immobilier… C’est-à-dire les composantes d’une économie défaillante. [2]
 
Composantes du PIB français
 
Eh oui, en France, la consommation patine, les exportations s’effondrent, le PIB fait grise mine et les deux seules composantes qui ont rattrapé les baisses de 2020 sont les dépenses des administrations publiques (APU) et la Formation Brute de Capital Fixe, ce que l’on traduit normalement par investissement, mais en l’occurrence, on se rend compte que c’est la FBCF des ménages qui explose, c’est-à-dire presque exclusivement de l’immobilier.
 
En première année d’école, le professeur d’économie explique généralement que le PIB n’est pas un très bon indicateur car lorsqu’une maison brûle, toute l’activité déployée par les pompiers pour éteindre l’incendie fait augmenter le PIB et vous vous retrouvez avec l’aberration d’une maison en moins mais d’un PIB en hausse.
 
Eh bien c’est ce que l’on a fait en France, en pire. Plutôt que d’éteindre les incendies on a fait tourner les pompiers sur eux-mêmes pour générer de la fausse activité.
 
Voilà pour l’efficacité du quoi qu’il en coûte. Derrière les lunettes roses d’un ministre en campagne, c’est beaucoup plus cher que chez nos voisins et en plus, c’est destructeur.
 
Mais comme on dit chez les techno-binoclards hypercompétents :
 
 Il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien, que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
 
Devise shadock
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 
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Sources :
 
 
 
 
 


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