La mauvaise inflation chasse la bonne

11 03 2019
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Mon cher lecteur,

L’inflation serait repartie à la hausse en 2018.

1,8 % selon l’INSEE.

Ah.

Cela ne veut rien dire. D’ailleurs cela ne dit rien à personne. Et de toute manière, ce chiffre est FAUX.

Pourtant, l’inflation c’est le prix de la vie. C’est la rémunération des efforts en pain, en vin et en gazole.

C’est ce qui fait que l’on se grappe sur les ronds points ou que l’on se disperse dans ses pénates.

Mais cela, l’œil morne du pigiste ne le voit pas, lui qui reçoit le communique des 1,8 % de l’INSEE, modifie les chiffres sur son article de l’année précédente et ajoute les « éléments de langage » du communiqué sans plus d’intérêt que n’en aura son lecteur.

L’inflation en 2018 est toute dans la hausse des prix de l’énergie (+8 %) et des matières premières, du tabac (+12 %) ainsi celle des produits frais non transformés (+8 %)… En revanche les prix des produits manufacturiers sont en repli de 0,3 %, signe de grosse morosité : les usines ne vendent plus. Et les services, à +1,2 %, ne sont guère plus reluisants.

C’est de la mauvaise inflation que ces 1,8 % tirés par la hausse des matières premières et des taxes au lieu des salaires et de l’activité de nos entreprises.

Notez que la baisse des prix des produits manufacturiers est générale en occident et se fait malgré la prétendue « guerre commerciale » entre les États-Unis et la Chine, gros rideau de fumée glauque qui ne cache même plus le ralentissement mondial.

À l’époque où les cycles économiques n’étaient pas faussés par les manipulations grossières des banques centrales, les baisses de prix étaient les déclencheurs des crises.

Le soufflé des prix de l’énergie étant retombé, les perspectives d’inflation sont bien maigres pour 2019.

La crise s’installe et les banques centrales et gouvernements n’ont aucune marge d’action.

J’ai commencé cette lettre en vous disant que les chiffres de l’inflation étaient faux. Oui, je parle bien des chiffres officiels de l’INSEE, le très sérieux Institut National de la Statistiques et des études économiques.

 

Le calcul est faux pour 3 raisons :

 

  • Les calculs officiels de l’inflation ne prennent pas en compte les prélèvements obligatoires : autant, il est normal de ne pas compter la part qui va à la redistribution mais les hausses affectées aux services de l’État — santé (+2,3 %), éducation (+2,8 %), sécurité (+6,8 % pour le ministère de l’Intérieur !), justice (+3,9 %) — devraient être prises en compte.

 

  • L’inflation ne prend pas plus en compte les frais d’hospitalisation privée (sans doute craignent-ils que l’on demande à comparer avec les frais d’hospitalisation publics qui ne sont pas plus calculés) ! Or la santé est un des plus gros postes d’inflation dans le monde : le prix des soins augmente de 10 % dans le monde… Sauf en France où ils baissent officiellement de -1 % mais où l’on se contente de regarder les consultations chez le médecin et les médicaments… L’hôpital c’est gratuit, d’après l’INSEE.

 

  • J’ai gardé le meilleur pour la fin : l’INSEE considère que votre logement représente 7,64 % de vos dépenses (eau et taxes sur les ordures ménagères comprises) ! Oui, vous avez bien lu. 7,64 %, c’est-à-dire 4 fois moins que la réalité. Or les prix de l’immobilier ont augmenté de 3,2 % en 2018.

 

Au final les 3 plus gros postes d’inflation en France sont simplement ignorés ou massivement minorés. En rétablissant la bonne pondération, l’inflation française serait plutôt à 3 %.

Mais alors les salaires et rendements garantis, ainsi que tous les engagements de l’État indexés sur l’inflation s’envoleraient.

Dans cette configuration, l’État touche effectivement ses impôts et taxes sur les transactions et donc sur l’inflation réelle mais ne redistribue que sur l’inflation minorée.

C’est-à-dire que l’on paie en France toujours plus cher ses impôts, ses soins et son logement sans que les revenus suivent, alors le reste à vivre diminue et il reste de moins en moins d’argent pour les autres postes de dépense : la mauvaise inflation chasse la bonne, il ne reste plus d’argent pour mieux se nourrir, mieux s’équiper, mieux se vêtir.

La mauvaise inflation chasse la bonne.

C’est comme si vous aviez un voisin très encombrant assis à côté de vous dans le train, qui squatte la moitié de votre place en plus de l’accoudoir, vous empêche de bouger, vous laisse à peine respirer… Et vous demande encore un peu plus de place, pour vous donner la becquée.

L’inflation d’un côté, créée la déflation de l’autre pourtant si redoutée, celle qui fait s’arrêter les usines et les entreprises.

Ce n’est pas mieux pour votre épargne. En 2018, les fonds euros des assurances vie ont rapporté 1,4 % en moyenne (prélèvements sociaux inclus). Corrigés de 3 % d’inflation réelle, Le « placement préféré des Français » vous fait perdre -1,6 % de pouvoir d’achat. Cliquez ici pour découvrir ma stratégie qui fait vraiment mieux que l’inflation.

À votre bonne fortune,

Guy de La Fortelle

 

 

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