Uber marque la fin de la grande révolution de l’information

11 06 2019
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Mon cher lecteur,
 
Selon Heath Terry, de Goldman Sachs, Uber va devenir une entreprise rentable bien plus vite que prévu !
 
Il a raconté cela à la TV américaine hier et selon lui, vous devriez acheter l’action Uber jusqu’à 56$, ce qui vous laisse de la marge par rapport à sa valeur de 42$ à l’heure où j’écris ces lignes. [1]
 
À mon avis vous seriez TRÈS mal avisé de suivre le conseil de Heath Terry, car derrière ses belles déclarations se cachent :
  1. Un conflit d’intérêt géant ;
  2. Les échecs massifs et en série d’Uber ;
  3. Le monopole comme seul horizon.

Conflit d’intérêt géant : fallait pas l’inviter ! 

Heath Terry est l’un des principaux analystes de Goldman Sachs. Il était invité hier sur CNBC, en tant qu’analyste et donc indépendant, pour expliquer à de potentiels investisseurs particuliers pourquoi il fallait acheter des actions Uber.
 
C’est obscène de la part de Goldman et des journalistes qui ont invité M. Terry :
 
Goldman est la banque d’Uber et a conseillé à ses clients privés d’investir dans Uber dès 2015. 3% de la société de taxis appartiendrait aux clients de Goldman : Monsieur Terry, juge et partie aurait-il pu livrer une analyse négative alors que son employeur a conseillé Uber à ses clients ? [2]
 
Goldman, de manière très inhabituelle pour une banque, est un investisseur historique d’Uber : normalement, une banque n’utilise pas ses fonds propres pour des paris aussi risqués mais pour assurer sa solvabilité, ce qui est déjà suffisamment compliqué. De plus cela crée un conflit d’intérêt majeur entre la banque et ses clients. Monsieur Terry aurait-il pu émettre un soupçon de doute alors que son employeur vient de liquider sa position avec une plus-value qui s’élèverait à 12 000% suivi d’un cours de bourse à la peine ? [3]
 
En tant que membre du syndicat des banques responsable de l’introduction en bourse d’Uber, Goldman a co-signé le formulaire d’introduction auprès de la SEC, le gendarme boursier américain. Dans la partie risques, le document note : 
 
« Nous prévoyons de continuer à perdre de l’argent à court terme afin de couvrir l’augmentation substantielle de nos dépenses car nous devons continuer à investir afin d’augmenter le nombre de nos chauffeurs, clients, restaurants, expéditeurs et transporteurs […] Ces efforts pourraient s’avérer plus importants que prévus et nous pourrions échouer à augmenter nos revenus suffisamment afin de compenser ces dépenses. Beaucoup de nos efforts pour générer du revenu sont nouveaux et incertains et le moindre échec dans l’augmentation de nos revenus ou le contrôle de nos dépenses pourrait nous empêcher d’atteindre ou d’augmenter notre rentabilité. » [4]
 
Ainsi, à la SEC, Goldman écrit, attention, nous ne gagnerons sans doute jamais d’argent, mais à la télé ils promettent monts et merveilles ? Est-ce bien sérieux ?
 
En 2017-2018, Uber a perdu 7 milliards de dollars, soit un dollar pour chacune de leurs courses ! 
 
C’est gigantesque et presqu’incompréhensible : j’ai essayé plusieurs fois d’expliquer à des chauffeurs de taxis qu’Uber n’avait jamais gagné un centime de bénéfice et même cumulé près de 10 milliards de dollars de pertes. Je n’ai réussi à en persuader aucun. Tous ils m’ont pris pour un fou. Pourtant, eux ne le sont pas.
 
Comment cela ? Ils me prennent 25% de ma course (et souvent plus) sans rien faire et ils perdent de l’argent ?
 
C’est le noeud du problème.
 

Les échecs massifs et en série d’Uber

 
Où donc vont tous les milliards qu’engloutit Uber ?
 
Le problème essentiel d’Uber est qu’ils n’ont toujours pas trouvé leur business modèle.
 
Bien sûr, l’idée de départ est géniale.
 
Avec le système de mise en relation inventé par Uber, les taxis roulent chargés 70% du temps. Ils n’attendent ou ne roulent à vide que les 30% restant.
 
Avant Uber, c’était l’inverse : pour le même temps de travail, le chauffeur est 2 fois plus efficace avec Uber !
 
Il suffit de se partager ce gain entre le taxi et Uber et tout le monde sera heureux.
 
C’est ce qu’ont d’abord pensé les dirigeants d’Uber.
 
Mais c’était sans compter la concurrence, les milliards engloutis en marketing et en frais de justice, la guerre des prix.
 
3 ans après Uber, Lyft est créé en 2012. Ils ont aujourd’hui 30% du marché américain. Moins ambitieux qu’Uber, Lyft est également moins coûteux, au petit jeu de la guerre des prix, ils savent qu’ils sortiront vainqueur.
 
Uber DOIT réussir à se différencier.
 
Ce sera la voiture autonome : imaginez, si vous n’avez plus besoin de rémunérer un chauffeur !
 
Le salaire du chauffeur, net de ses frais d’essence, assurance et de l’amortissement de sa voiture, représente environ la moitié du prix de la course.
 
Si vous arrivez à supprimer le chauffeur de l’équation : c’est le jackpot !
 
Quel que soit le coût de la recherche et du développement, ce ne sera qu’un coût fixe que vous rentabiliserez aisément avec des milliards de courses à prix réduits et encore très rentables.
 
Il n’est pas étonnant qu’Uber ait foncé tête baissé.
 
Pourtant, au mois d’avril, la responsable scientifique en charge du projet de voiture autonome chez Uber a douché les espoirs des analystes :
 
« Les voitures autonomes vont faire partie de nos vies. La question du moment où ça arrivera n’est pas encore évidente […] Ça va prendre beaucoup de temps pour un développement à grande échelle […] ça n’arrivera pas demain ». [5]
 
Cette déclaration fait suite, à un an d’intervalle, à un accident d’une de leur voiture autonome qui avait fait un mort en 2018 : les équipes avaient oublié de reprogrammer le freinage d’urgence qui avait été désactiver quelques jours plus tôt pour des raisons de confort lors d’un essai avec le PDG. C’est vous dire si nous sommes loin de la fiabilité et de la rigueur qu’exigent une technologie de conduite autonome.
 
Le constat est là : Uber n’a pas les moyens de dépenser de l’argent sans compter suffisamment longtemps pour conserver sa position dominante ET développer la voiture autonome. 
 
Il faut trouver un nouveau modèle pour éviter la guerre des prix d’où Uber ne peut sortir que perdant.
 
Leur dernière idée en date : devenir une plateforme de mobilité.
 
Uber veut proposer aussi bien des taxis que des vélos électriques et trottinettes, de la livraison et bien d’autres services à venir…
 
Il faut que pour chaque déplacement urbain vous pensiez à Uber, que ce soit vous qui vous déplaciez ou votre repas, une commande ou quoi que ce soit que vous désirez, en voiture, camion, drone, trottinette, moto ou vélo… 
 
Ils cherchent à reproduire les coups de génie qui firent la fortune de Microsoft avec Windows et Apple avec l’Appstore. Ils veulent devenir une plateforme incontournable.
 
Mais il y a une différence monumentale dans le cas d’Uber : les livreurs, taxis, restaurants n’ont pas vraiment d’intérêt à utiliser Uber plutôt qu’une autre « plateforme ».
 
Dans le cas de Windows et de l’Appstore, Microsoft et Apple rendaient la vie des développeurs de logiciels et d’application BEAUCOUP plus facile en prenant en charge une partie complexe de leur travail. Ces plateformes aidaient autant les fournisseurs que les clients, voire plus même.
 
Mais Uber cherche à s’implanter dans un secteur très concurrentiel aux marges faibles où il est clair que chaque dollar qu’ils gagneront se fera au détriment des fournisseurs.
 
Le secteur de la mobilité, clients comme fournisseurs, n’a aucun intérêt à ce monopole alors qu’il se justifiait, au moins temporairement pour les logiciels et applications.
 
Et pourtant…
 

Le monopole comme seul horizon

 
Normalement, une entreprise qui se trompe aussi lourdement sans jamais gagner un centime devrait faire faillite et laisser d’autre entrepreneurs et investisseurs plus avisés prendre la place.
 
Pourtant, Heath Terry de Goldman Sachs pense qu’Uber sera profitable bien plus vite que prévu.
 
Les gens de Goldman sont sans scrupules, mais ce ne sont certainement pas des imbéciles.
 
Dans son interview à CNBC, M. Terry explique que les investisseurs en capital-risque ont subventionné le secteur des VTC à hauteur de 9 milliards de dollars en 2018 et rien qu’en 2018. Notez bien ce terme de subvention employé par Monsieur Terry. Bientôt,il voudra aussi nous faire croire que ce sont des bienfaiteurs…Uber est responsable de 3 milliards sur les 9.
 
C’est faramineux et selon monsieur Terry, l’argent ne peut continuer à être dépensé aveuglément comme cela « c’est tout le secteur qui doit grandir et se sevrer ».
 
J’aurais aimé que Monsieur Terry nous explique pourquoi cela allait cesser alors qu’après 10 ans, une société comme Uber n’est toujours pas rentable dans ses marchés historiques aux États-Unis, en dehors de tout développement. Pourquoi 10 ans et pas 11, 15 ou 20 ?
 
Tant que l’argent coule des robinets des banques centrales, pourquoi cela devrait-il s’arrêter ? Tant que personne ne fait faillite et que l’on peut emprunter à taux 0 ou négatif pourquoi s’en priver ?
 
Une chose est certaine : ces montants faramineux ne peuvent se justifier que dans une situation de monopole ou quasi-monopole, pas dans un marché libre.
 
Les milliards ne sont pas investis dans des infrastructures durables ou des technologies de pointe mais dans des rabais, campagnes de publicité et opérations marketing de grande ampleur. Ils sont « consommés » et ne constituent qu’une faible barrière à l’entrée.
 
C’est très vicieux, car si les sociétés ne font pas faillite, les rabais consentis sur les prix seront refacturés ensuite, dividendes obligent, c’est comme si l’on vous faisait payer votre course 10€ aujourd’hui pour mieux vous la faire payer 20€ demain. C’est fondamentalement malsain. 
 
Et pour qu’ils puissent répercuter des hausses de prix importantes, encore faut-il qu’ils soient dans une situation de monopole stable. Mais le jour où Uber augmente ses prix de 50 ou 100%, car c’est de ce genre d’amplitude dont nous parlons, alors les concurrents referont surface en un instant, il leur suffira de mieux payer les chauffeurs qui se feront les premiers commerciaux des concurrents d’Uber.
 
Il faut encore que le monopole soit assis sur des normes et barrières factices que seuls les pouvoir publics pourraient offrir à Uber.
 
Rien n’est moins sûr;
 
Après les révolutions apportées par Microsoft, Facebook, Amazon, Google et Facebook, Uber témoigne de l’essoufflement de la révolution Internet et plus largement de la grande révolution de l’information qui a transformé le monde depuis un demi-siècle.
 
Non seulement il n’y a que des coups à prendre en bourse à long terme mais il n’y a également que des coups à prendre dans les champions de la grande révolution de l’information.
 
Il est temps de passer à la suite…
 
Si cette lettre vous a intéressé, transférez-là à votre carnet d’adresses, partagez-là sur les réseaux grâce aux boutons ci-dessous.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 
 
[1] https://www.cnbc.com/video/2019/06/10/goldman-analyst-uber-good-investment-over-time.html
 
 
[3] https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-05-06/goldman-s-12-000-consolation-after-morgan-stanley-wins-uber-ipo
 
 
[5] https://www.01net.com/actualites/uber-met-un-coup-de-frein-sur-son-projet-de-voitures-autonomes-1669338.html

Uber marque la fin de la grande révolution de l’information 
 
Mon cher lecteur,
 
Selon Heath Terry, de Goldman Sachs, Uber va devenir une entreprise rentable bien plus vite que prévu !
 
Il a raconté cela à la TV américaine hier et selon lui, vous devriez acheter l’action Uber jusqu’à 56$, ce qui vous laisse de la marge par rapport à sa valeur de 42$ à l’heure où j’écris ces lignes. [1]
 
À mon avis vous seriez TRÈS mal avisé de suivre le conseil de Heath Terry, car derrière ses belles déclarations se cachent :
 
  1. Un conflit d’intérêt géant ;
  2. Les échecs massifs et en série d’Uber ;
  3. Le monopole comme seul hori

Conflit d’intérêt géant : fallait pas l’inviter ! 

Heath Terry est l’un des principaux analystes de Goldman Sachs. Il était invité hier sur CNBC, en tant qu’analyste et donc indépendant, pour expliquer à de potentiels investisseurs particuliers pourquoi il fallait acheter des actions Uber.
 
C’est obscène de la part de Goldman et des journalistes qui ont invité M. Terry :
 
Goldman est la banque d’Uber et a conseillé à ses clients privés d’investir dans Uber dès 2015. 3% de la société de taxis appartiendrait aux clients de Goldman : Monsieur Terry, juge et partie aurait-il pu livrer une analyse négative alors que son employeur a conseillé Uber à ses clients ? [2]
 
Goldman, de manière très inhabituelle pour une banque, est un investisseur historique d’Uber : normalement, une banque n’utilise pas ses fonds propres pour des paris aussi risqués mais pour assurer sa solvabilité, ce qui est déjà suffisamment compliqué. De plus cela crée un conflit d’intérêt majeur entre la banque et ses clients. Monsieur Terry aurait-il pu émettre un soupçon de doute alors que son employeur vient de liquider sa position avec une plus-value qui s’élèverait à 12 000% suivi d’un cours de bourse à la peine ? [3]
 
En tant que membre du syndicat des banques responsable de l’introduction en bourse d’Uber, Goldman a co-signé le formulaire d’introduction auprès de la SEC, le gendarme boursier américain. Dans la partie risques, le document note : 
 
« Nous prévoyons de continuer à perdre de l’argent à court terme afin de couvrir l’augmentation substantielle de nos dépenses car nous devons continuer à investir afin d’augmenter le nombre de nos chauffeurs, clients, restaurants, expéditeurs et transporteurs […] Ces efforts pourraient s’avérer plus importants que prévus et nous pourrions échouer à augmenter nos revenus suffisamment afin de compenser ces dépenses. Beaucoup de nos efforts pour générer du revenu sont nouveaux et incertains et le moindre échec dans l’augmentation de nos revenus ou le contrôle de nos dépenses pourrait nous empêcher d’atteindre ou d’augmenter notre rentabilité. » [4]
 
Ainsi, à la SEC, Goldman écrit, attention, nous ne gagnerons sans doute jamais d’argent, mais à la télé ils promettent monts et merveilles ? Est-ce bien sérieux ?
 
En 2017-2018, Uber a perdu 7 milliards de dollars, soit un dollar pour chacune de leurs courses ! 
 
C’est gigantesque et presqu’incompréhensible : j’ai essayé plusieurs fois d’expliquer à des chauffeurs de taxis qu’Uber n’avait jamais gagné un centime de bénéfice et même cumulé près de 10 milliards de dollars de pertes. Je n’ai réussi à en persuader aucun. Tous ils m’ont pris pour un fou. Pourtant, eux ne le sont pas.
 
Comment cela ? Ils me prennent 25% de ma course (et souvent plus) sans rien faire et ils perdent de l’argent ?
 
C’est le noeud du problème.
 

Les échecs massifs et en série d’Uber

 
Où donc vont tous les milliards qu’engloutit Uber ?
 
Le problème essentiel d’Uber est qu’ils n’ont toujours pas trouvé leur business modèle.
 
Bien sûr, l’idée de départ est géniale.
 
Avec le système de mise en relation inventé par Uber, les taxis roulent chargés 70% du temps. Ils n’attendent ou ne roulent à vide que les 30% restant.
 
Avant Uber, c’était l’inverse : pour le même temps de travail, le chauffeur est 2 fois plus efficace avec Uber !
 
Il suffit de se partager ce gain entre le taxi et Uber et tout le monde sera heureux.
 
C’est ce qu’ont d’abord pensé les dirigeants d’Uber.
 
Mais c’était sans compter la concurrence, les milliards engloutis en marketing et en frais de justice, la guerre des prix.
 
3 ans après Uber, Lyft est créé en 2012. Ils ont aujourd’hui 30% du marché américain. Moins ambitieux qu’Uber, Lyft est également moins coûteux, au petit jeu de la guerre des prix, ils savent qu’ils sortiront vainqueur.
 
Uber DOIT réussir à se différencier.
 
Ce sera la voiture autonome : imaginez, si vous n’avez plus besoin de rémunérer un chauffeur !
 
Le salaire du chauffeur, net de ses frais d’essence, assurance et de l’amortissement de sa voiture, représente environ la moitié du prix de la course.
 
Si vous arrivez à supprimer le chauffeur de l’équation : c’est le jackpot !
 
Quel que soit le coût de la recherche et du développement, ce ne sera qu’un coût fixe que vous rentabiliserez aisément avec des milliards de courses à prix réduits et encore très rentables.
 
Il n’est pas étonnant qu’Uber ait foncé tête baissé.
 
Pourtant, au mois d’avril, la responsable scientifique en charge du projet de voiture autonome chez Uber a douché les espoirs des analystes :
 
« Les voitures autonomes vont faire partie de nos vies. La question du moment où ça arrivera n’est pas encore évidente […] Ça va prendre beaucoup de temps pour un développement à grande échelle […] ça n’arrivera pas demain ». [5]
 
Cette déclaration fait suite, à un an d’intervalle, à un accident d’une de leur voiture autonome qui avait fait un mort en 2018 : les équipes avaient oublié de reprogrammer le freinage d’urgence qui avait été désactiver quelques jours plus tôt pour des raisons de confort lors d’un essai avec le PDG. C’est vous dire si nous sommes loin de la fiabilité et de la rigueur qu’exigent une technologie de conduite autonome.
 
Le constat est là : Uber n’a pas les moyens de dépenser de l’argent sans compter suffisamment longtemps pour conserver sa position dominante ET développer la voiture autonome. 
 
Il faut trouver un nouveau modèle pour éviter la guerre des prix d’où Uber ne peut sortir que perdant.
 
Leur dernière idée en date : devenir une plateforme de mobilité.
 
Uber veut proposer aussi bien des taxis que des vélos électriques et trottinettes, de la livraison et bien d’autres services à venir…
 
Il faut que pour chaque déplacement urbain vous pensiez à Uber, que ce soit vous qui vous déplaciez ou votre repas, une commande ou quoi que ce soit que vous désirez, en voiture, camion, drone, trottinette, moto ou vélo… 
 
Ils cherchent à reproduire les coups de génie qui firent la fortune de Microsoft avec Windows et Apple avec l’Appstore. Ils veulent devenir une plateforme incontournable.
 
Mais il y a une différence monumentale dans le cas d’Uber : les livreurs, taxis, restaurants n’ont pas vraiment d’intérêt à utiliser Uber plutôt qu’une autre « plateforme ».
 
Dans le cas de Windows et de l’Appstore, Microsoft et Apple rendaient la vie des développeurs de logiciels et d’application BEAUCOUP plus facile en prenant en charge une partie complexe de leur travail. Ces plateformes aidaient autant les fournisseurs que les clients, voire plus même.
 
Mais Uber cherche à s’implanter dans un secteur très concurrentiel aux marges faibles où il est clair que chaque dollar qu’ils gagneront se fera au détriment des fournisseurs.
 
Le secteur de la mobilité, clients comme fournisseurs, n’a aucun intérêt à ce monopole alors qu’il se justifiait, au moins temporairement pour les logiciels et applications.
 
Et pourtant…
 

Le monopole comme seul horizon

 
Normalement, une entreprise qui se trompe aussi lourdement sans jamais gagner un centime devrait faire faillite et laisser d’autre entrepreneurs et investisseurs plus avisés prendre la place.
 
Pourtant, Heath Terry de Goldman Sachs pense qu’Uber sera profitable bien plus vite que prévu.
 
Les gens de Goldman sont sans scrupules, mais ce ne sont certainement pas des imbéciles.
 
Dans son interview à CNBC, M. Terry explique que les investisseurs en capital-risque ont subventionné le secteur des VTC à hauteur de 9 milliards de dollars en 2018 et rien qu’en 2018. Notez bien ce terme de subvention employé par Monsieur Terry. Bientôt,il voudra aussi nous faire croire que ce sont des bienfaiteurs…Uber est responsable de 3 milliards sur les 9.
 
C’est faramineux et selon monsieur Terry, l’argent ne peut continuer à être dépensé aveuglément comme cela « c’est tout le secteur qui doit grandir et se sevrer ».
 
J’aurais aimé que Monsieur Terry nous explique pourquoi cela allait cesser alors qu’après 10 ans, une société comme Uber n’est toujours pas rentable dans ses marchés historiques aux États-Unis, en dehors de tout développement. Pourquoi 10 ans et pas 11, 15 ou 20 ?
 
Tant que l’argent coule des robinets des banques centrales, pourquoi cela devrait-il s’arrêter ? Tant que personne ne fait faillite et que l’on peut emprunter à taux 0 ou négatif pourquoi s’en priver ?
 
Une chose est certaine : ces montants faramineux ne peuvent se justifier que dans une situation de monopole ou quasi-monopole, pas dans un marché libre.
 
Les milliards ne sont pas investis dans des infrastructures durables ou des technologies de pointe mais dans des rabais, campagnes de publicité et opérations marketing de grande ampleur. Ils sont « consommés » et ne constituent qu’une faible barrière à l’entrée.
 
C’est très vicieux, car si les sociétés ne font pas faillite, les rabais consentis sur les prix seront refacturés ensuite, dividendes obligent, c’est comme si l’on vous faisait payer votre course 10€ aujourd’hui pour mieux vous la faire payer 20€ demain. C’est fondamentalement malsain. 
 
Et pour qu’ils puissent répercuter des hausses de prix importantes, encore faut-il qu’ils soient dans une situation de monopole stable. Mais le jour où Uber augmente ses prix de 50 ou 100%, car c’est de ce genre d’amplitude dont nous parlons, alors les concurrents referont surface en un instant, il leur suffira de mieux payer les chauffeurs qui se feront les premiers commerciaux des concurrents d’Uber.
 
Il faut encore que le monopole soit assis sur des normes et barrières factices que seuls les pouvoir publics pourraient offrir à Uber.
 
Rien n’est moins sûr;
 
Après les révolutions apportées par Microsoft, Facebook, Amazon, Google et Facebook, Uber témoigne de l’essoufflement de la révolution Internet et plus largement de la grande révolution de l’information qui a transformé le monde depuis un demi-siècle.
 
Non seulement il n’y a que des coups à prendre en bourse à long terme mais il n’y a également que des coups à prendre dans les champions de la grande révolution de l’information.
 
Il est temps de passer à la suite…
 
Si cette lettre vous a intéressé, transférez-là à votre carnet d’adresses, partagez-là sur les réseaux grâce aux boutons ci-dessous.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 
 
[1] https://www.cnbc.com/video/2019/06/10/goldman-analyst-uber-good-investment-over-time.html
 
 
[3] https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-05-06/goldman-s-12-000-consolation-after-morgan-stanley-wins-uber-ipo
 
 
[5] https://www.01net.com/actualites/uber-met-un-coup-de-frein-sur-son-projet-de-voitures-autonomes-1669338.html

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