Un investissement atypique dans le luxe

14 12 2019
Partager l'article

Mon cher lecteur,  
 
Je vous parle depuis 2 jours de ce grand scandale de l’OMC qui avait interdit un embargo sanitaire contre la peste porcine africaine.
 
Revenons à nos sujets économiques et financiers, à l’origine je voulais simplement vous parler d’un investissement en bétail que j’affectionne, un investissement de  luxe.
 
Nous savons bien aujourd’hui qu’un bon produit fermier est devenu un luxe.
 
La France a une particularité. Depuis une quarantaine d’années, une petite PME de la région lyonnaise propose un investissement à nul autre pareil.
 
Elle vous propose d’ acheter des vaches laitières afin de les louer à de petits éleveurs (attention aux contrefaçons, ils sont les seuls en Europe à avoir développé cette spécialité).
 
C’est un bon investissement de diversification qui permet de se constituer un revenu complémentaire qui a du sens.
 
Mais c’est également une réponse de long terme à la crise porcine actuelle.
 
D’un point de vue purement matérialiste et cynique, nous pourrions nous contenter de nous frotter les mains devant la pénurie de viande et plus généralement de protéines qui s’installe durablement dans le paysage mondial.  
 
Cela conduit presque mécaniquement à l’augmentation des rendements de long terme de cet investissement à la fois au travers des cours du lait et ceux de la viande.
 
Non seulement, c’est une approche de courte vue mais c’est également ainsi que commencent généralement les catastrophes. Mettre du sens dans ses investissements, ce n’est pas faire preuve de grandeur d’âme ou de désintéressement, c’est une ardente obligation, c’est la seule manière d’ éviter de devenir malade de l’argent, au sens littéral du terme, par un empoisonnement alimentaire, matériel ou social.
 
« Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes ».
 
Je ne suis pas Bossuet : quand on investit dans de la m****, il ne faut pas s’étonner de la retrouver dans notre assiette.
 
Ainsi, un quart du cheptel mondial de porc est condamné, nous serons peut-être à 30 ou 40% l’année prochaine. Tant qu’aucun traitement ou vaccin ne sera trouvé (cela fait déjà un demi-siècle qu’on cherche), la reconstitution du cheptel sera compliquée.  
 
Le porc est la viande la plus consommée au monde avec la volaille. En particulier, les Chinois en raffolent. Imaginez que l’on dise demain que vous ne pouvez plus manger de volaille, plus de poulet, ni de dinde et vous aurez une idée du choc.
 
Les Chinois veulent tellement de porc que les éleveurs se sont mis à surengraisser massivement leurs animaux sains faisant passer leur poids moyen à l’abattage de 125 à 175 kilos en quelques mois à peine.
 
Nous savons vous et moi que ce genre de pratique est dévastatrice à long terme et apportera de nouveaux problèmes sanitaires, plus vicieux, moins visibles.
 
Alors quelles sont les solutions face à nous ? 
 
Bien évidemment, nous pourrions tous devenir végétariens.
 
Non seulement, la solution est trop radicale à mon goût mais vous connaissez ma devise : soumets-toi à la nature pour lui commander.
 
En France, cela fait des milliers d’années que nous vivons avec nos bêtes et nous en nourrissons, il y a sans doute une raison à cela.
 
Mais sans verser d’un excès à l’autre, il est évident que nous allons être amené à diminuer notre consommation de « viande ». La tendance est déjà en cours, je n’invente rien.  
 
Henri IV voulait mettre une poule dans le pot de chaque famille le dimanche et c’était une bonne chose, mais de la « viande » chaque jour, nous savons désormais que c’est trop.
 
Je mets « viande » entre parenthèse car je ne sais pas si un poulet de batterie qui n’a jamais vu la lumière du jour et a été engraissé à grande vitesse dans des conditions abominables est encore de la viande… De la barbarie, oui, de la viande, non. Vous pourriez remplacer cette masse blanchâtre dans vos plats par du tofu, vous ne verriez sans doute pas la différence.
 
Mais il ne faut pas mettre toutes les bêtes dans la même stalle. Il y a en France des milliers d’élévage bovins de quelques dizaines de bêtes, aimées de leurs éleveurs, qui passent l’été au pré et coulent des jours pas tellement plus désagréables que celle de millions d’entre nous.  
 
Nous sommmes loin des émissions de télé qui nous vendent les fermes de mille vaches qui sont pourtant en train de pourrir l’agriculture allemande dans son ensemble. Car élevage intensif signifie également culture intensive pour nourrir ces pauvres bêtes. Et en plus de cette barbarie asceptisée, ces fermes ne sont pas rentables et outre-rhin, ils vont mettre bien des années à se relever d’une telle bêtise.
 
L’avenir de l’élevage c’est l’inverse, c’est le retour aux petits cheptels qui fournissent du lait et de la viande sains et de grande qualité, distribués dans des circuits courts.
 
L’élevage, ce n’est pas un secteur de pointe, c’est un secteur de luxe, ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre (sauf pour un Allemand) : on ne fabrique pas un steak comme l’on fabrique une voiture. Et dans le luxe, personne n’égale la France. C’est de cet élevage-là dont je parle, celui d’un produit de qualité, que l’on ne mangera pas tous les jours mais que l’on appréciera d’autant plus.
 
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle

Partager l'article