Le plan de relance européen prépare un dépeçage à la grecque

21 07 2020
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Timeo Danaos et dona ferentes

Je crains les grecs et surtout lorsqu’ils font des cadeaux

Virgile, L’Éneide, en référence au cheval de Troie
 
 
Quelle pièce de théâtre haletante mon cher lecteur !
 
Hier l’échec et la colère, aujourd’hui la victoire définitive, la grande avancée européenne.
 
Il fallait au moins ça pour faire passer la pilule d’une victoire qui n’en est certainement pas une.
 
Nous aurons notre grand plan de relance et je vous le dis tout net, ce grand plan c’est un dépeçage à la grecque : nous en ressortirons à poil si nous avons la chance d’en sortir un jour.
 
Ne vous faites pas avoir ! Diffuser cette lettre autour de vous, transférez-là à votre carnet d’adresses et partagez-là sur les réseaux sociaux, il est crucial que nous comprenions les mécanismes fondamentaux derrière ce plan de relance.
 
Le plan se fera sans les pays frugaux du Nord, Danemark, Suède, Autriche et Pays-Bas qui ont reçu plus de compensations qu’ils n’ont concédé eux-mêmes… Il se fera aussi sans moi. Je retire mes billes.
 
Macron impuissant en Europe… Entraîne l’Allemagne dans sa chute
Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron a échoué sur tout à Bruxelles : travailleurs détachés, taxe GAFA, eurobonds et coronabonds et création d’un ministère européen de l’économie et des finances…
 
La France n’a plus AUCUN poids en Europe, il faut être aveugle pour ne pas le voir.
 
Ce qui est nouveau, c’est que l’Allemagne elle-même est affaiblie par l’effondrement diplomatique français à Bruxelles.
 
L’accord qui a fini par être trouvé entérine l’immense victoire des 4 frugaux qui ont réussi à défaire le couple franco-allemand jusqu’alors roi bicéphal de la construction européenne.
 
C’est une première mon cher lecteur et elle va fragiliser encore plus les relations franco-allemandes car Berlin sait dorénavant qu’ils ne sont plus assez fort pour nous porter à bout de bras face aux autres pays de l’Union.
 
Comprenez-bien ce qui s’est joué durant ce long week-end.
 
Disloquation européenne
L’Europe a toujours oscillé entre :
  • Un modèle fédéral centralisé, à l’américaine, souhaité par les pères fondateurs, les États-Unis et plus généralement les technocrates bruxellois avides d’étendre leur pouvoir mais également soutenu par les pays péripériques afin de s’extraire du joug franco-allemand et ;
 
  • Un modèle confédéral décentralisé, à la Suisse, l’Europe des Nations chère à De Gaulle et Adenhauer, mais également au Royaume-Uni au caratère insulaire et indépendant.
Avec le départ de De Gaulle et l’arrivée du Royaume-Uni en 1973 se met en place un modèle batard de coopérations renforcées ou des cercles concentriques, sorte de modèle fédéral façon self-service.
 
La construction européenne devient modulaire et chaque module se construit avec ceux qui le souhaitent en espérant que les récalcitrants finissent par se joindre aux autres (mais cela n’arrive pas dans les faits).
 
L’exemple le plus évident est celui de l’Euro adopté par 19 des 27 États de l’UE mais il y a également l’Union Douanière, l’Espace Schengen, l’Espace Économique Européen, l’Association Européenne de Libre-Échange, le Conseil de l’Europe
 
C’est le fameux mille-feuilles européen qui fait la joie des technocrates… Et d’eux seuls et qui fait de l’Union Européenne un enfer administratif ingouvernable et impuissant laissant le champ libre à une influence américaine massive, comme l’avait d’ailleurs entrevu De Gaulle dès 1962.
 
Si le départ du Royaume-Uni a donné quelques sueurs froides à nos gentils technocrates, ceux-ci y ont tout de même vu l’occasion de ressérer les rangs et d’ouvrir une nouvelle étape de la construction européenne, beaucoup plus ambitieuse et centralisatrice.
 
Ce sont ces rangs qui se sont brutalement dessérés ce week-end.
 
Les 4 frugaux ont réussi leur sécession.
 
L’inverse de l’objectif recherché
Officiellement, l’avancée historique que souligne notre bon président Macron réside dans le premier emprunt commun de l’Europe.
 
Et c’est vrai, pour la première fois, les Européens vont partager les risques sur un grand emprunt.
 
Mais derrière la façade, nos 4 frugaux du Nord ont reçu de tels avantages que cela revient en fait à compenser les risques de l’emprunt. La solidarité est factice.
 
Et s’il y a bien un précédent qui a été créé ce week-end, ce n’est pas celui de la dette commune pour un destin commun… Mais l’inverse : ils vont y réfléchir à 2 fois avant d’essayer de lever à nouveau de la dette européenne, nous sommes très loin de la mise en place d’un système durable et pérenne tant le coût de l’accord est disproportionné le rendant contre-productif.
 
Remède préventif  : le dépeçage à la grecque
Ce n’est pas tout, les Pays-Bas ont également obtenu un droit de regard de Bruxelles sur l’utilisation de ces fonds destinés aux États (en premier lieu l’Italie et nous-mêmes).
 
Cet argent est un cadeau empoisonné qui va se payer d’une nouvelle perte de souveraineté… Nous ferions mieux d’emprunter par nous-mêmes, cela ne coûte pas plus cher.
 
De manière vicieuse, le mécanisme qui est en train de se mettre en place ressemble fort à celui imposé à la Grèce qui s’est faite dépecée, pas redressée.
 
En 2019, il y a encore 20% de chômage en Grèce, 180% de dettes publiques et un tiers de la population sur ou sous le seuil de pauvreté : Voilà le résultat de 10 ans de remède européen.
 
Demandez aussi aux Italiens qui ont appliqué les recommandations européennes avec assiduité… Et se retrouvent plus pauvres qu’avant l’Euro.
 
Ce sont les mêmes recettes que nous nous apprêtons à appliquer aujourd’hui et les mêmes causes, mon cher lecteur, conduisent irrémédiablement aux mêmes effets… La réalité est une teigne.
 
L’accord d’aujourd’hui qui préserve les nordiques et au contraire passe le collet aux pays du Sud va accélerer les divergences au sein de la Zone Euro et de l’Union.
 
La construction s’en retrouve fragilisée et non renforcée : avec toutes leurs bonnes intentions, ils sont en train de nous paver la route vers une cohabitation infernale et une dislocation brutale.
 
C’est d’ailleurs pour cela que cet accord est mauvais. Il est mauvais car il fait diverger.
 
Oui, il fait l’inverse de ce qu’il prétend, mais c’est normal à Bruxelles, la Zone Euro ne fait que diverger depuis 2008 :
 
 
La divergence fondamentale
Rappelez-vous toujours la condition fondamentale de convergence d’une zone économique intégrée comme la Zone Euro : il faut que les habitants des régions pauvres acceptent d’aller travailler dans les régions riches et qu’en retour, les régions riches acceptent des transferts financiers importants vers les régions pauvres pour compenser la perte de main-d’oeuvre. Il faut cette fluidité des hommes et des capitaux.
 
C’est absolument évident pour la France : Paris envoie 20% de son PIB au reste de la France et en retour accueille 25% des emplois salariés sur 2% du territoire. Cela vaut également pour les métropoles régionales.
 
En revanche ces transferts n’existent pas au niveau européens malgré tous les efforts de Bruxelles. C’est pour cela que la construction intégrée actuelle est condamnée.
 
Il n’y a pas un bon camp et un mauvais, simplement des situations incompatibles et divergentes que seul un technocrate européen peut vouloir fondre dans un grand délire destructeur.
 
Nous avons donc un plan de relance qui acte une exception nordique, fait diverger la Zone encore plus (si c’était possible) et même l’Union et promet des conflits insolvables à court terme.
 
Est-ce un prix accepable pour une grande relance européenne ?
 
Eh bien voilà, il se trouve que les plans de relances NE marchent PAS.
 
L’inefficacité radicale des plans de relance
Un plan de relance, c’est de la politique, cela flatte les peuples mais économiquement, cela ne marche pas. Il n’y a rien à faire.
 
Personne n’a jamais pu prouver que les deux gigantesques New Deal de Roosevelt aient eu le moindre effet économique sur la sortie de la crise de 1929.
 
Ils n’ont même pas évité la guerre aux États-Unis et encore moins en Allemagne qui avait pourtant bénéficié d’un plan Marshall avant l’heure, dès 1924, avec les plans Dawes et Young qui mirent la finance et l’industrie américaines au service du redressement de l’Allemagne.
 
Plus récemment, tous les plans des Sarkozy, Hollande et désormais Macron ont tous échoué à « augmenter le pouvoir d’achat des Français », « inverser la courbe du chômage », ou « inventer un nouveau modèle de croissance et de nouvelles protections ».
 
Bien sûr, cela me chagrine et j’aurais de beaucoup préféré que plans de relance et activisme public soient des stratégies efficaces pour sortir des crises : cela serait bien plus simple pour tout le monde. Mais la réalité est une teigne.
 
Une raison fondamentale explique l’inefficacité fondamentale des plans de relance après 1929 et après 2008 et à nouveau aujourd’hui :
 
Ces plans de relance sont des réponses économiques à des crises essentiellement financières.
Aujourd’hui encore, aussi paradoxal que cela semble, la crise dans laquelle nous nous enfonçons est financière bien plus qu’économique et le virus n’aura été que le révélateur d’un mal bien plus profond.
 
N’oubliez pas qu’aujourd’hui comme en 2008 ou en 1929, nous ne manquons de rien.
 
Ici point de disette ou de pénurie de logement ni de biens (pas encore en tout cas).
 
Le problème est ailleurs : nous échouons à nous répartir convenablement le travail et les richesses.
 
Or ces plans de relance font peser sur nous-mêmes le poids de la dette nécessaire à leur exécution tandis qu’ils sauvent et renflouent, en premier, une toute petite élite affairiste de haute bourgeoisie complètement défaillante et destructrice (voire l’exemple emblématique de l’indigne sauvetage de la FNAC ici).
 
 
Le plan de relance européen promet l’industrialisation dans la durée de ces dérives injustifiables.
 
Nous allons ajouter encore de la dette à la dette, encore des problèmes en cherchant désespérément une croissance impossible à notre époque de population vieillissante et de modération énergétique (qu’elle soit voulue ou forcée). Mais la croissance du PIB mon cher lecteur, cela se construit avec de la consommation d’un côté et de l’énergie de l’autre.
 
Les montants injecté sont colossaux : toujours plus de dettes, toujours plus de lendemains meilleurs, de promesses extraordinaires…
 
D’abord liquider
Mais plutôt que de tout sauver en bloc, peut-être ferions-nous mieux de commencer par liquider les dettes ainsi que toutes les structures obsolètes et défaillantes de nos économies afin de permettre leur régénérescence, il faut commencer par nettoyer et mettre à bas la pourriture avant de reconstruire.
 
Il n’y aura aucune transition énergétique, aucune refondation de notre contrat social, aucune croissance, aucune production de richesse nouvelle tant que nous n’aurons pas nettoyé et assaini notre système financier et nos structures économiques. Alors, il sera temps de reconstruire.
 
Bien sûr nous avons peur du chômage massif que cela causerait… Mais la tâche est colossale. Il ne manque pas de travail.
 
Mais dans un pays qui protège les emplois en détruisant le travail nous ne voyons plus que si nous commencions réellement à reconstruire notre pays, réindustrialiser, redonnner leur place aux artisans et aux paysans (étymologiquement, celui qui habite un pays et le façonne plutôt que l’agriculteur spécialisé, industrialisé), ce n’est pas du chômage dont nous devrions avoir peur mais du manque de main-d’oeuvre.
 
Nul besoin de grand plan de relance, bien au contraire. Il nous faut éteindre les dettes pas les gonfler encore plus.
 
De toutes éternité, l’excès de dettes a toujours mené au désordre et aux guerres.
 
Aux guerres mon cher lecteur : ce qui se passe sous nos yeux n’a rien d’anodin ou de lointain.
 
Pourtant nous préferrons nous enfermer dans les douces promesses de lendemains meilleurs. Mais la réalité est une teigne… Nous ne pouvons refuser de liquider éternellement : à défaut, c’est la guerre.
 
Faites suivre cette lettre, partagez, faites circuler.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle

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